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Nouvelle Maniere de Fortifier les Places 
Blondel, Fran�ois 
A La Haye, 1686 
ETH-Bibliothek ZŸrich 

Shelf Mark: RAR 1688 
Persistent Link: http://dx.doi.org/10.3931/e-rara-4107 

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l' (} L

t.. 



f 

1 



NOUVELLE 
MANIERE 
DE 
FORTIFIER 
LES 
P L A C E S. 
PAR 
M O N S I E U R B L O N D E L,
.MarŽchal de Camp aux ArmŽes du Roy,
& cy-devant Ma”tre de Mathemauque de 
MONSEIGNEUR LE DAUPHIN. 
EDITION NOUVELL& 
A LA HA Y E, 
Chez A R :s o u T LEE R s , MarchandL1br2ire, 
M. D. C. LX X X VI. 
,Avec Priv1lege. 
NOUVELLE 
MANIERE 
DE 
FORTIFIER 
LES 
P L A C E S. 
PAR 
M O N S I E U R B L O N D E L,
.MarŽchal de Camp aux ArmŽes du Roy,
& cy-devant Ma”tre de Mathemauque de 
MONSEIGNEUR LE DAUPHIN. 
EDITION NOUVELL& 
A LA HA Y E, 
Chez A R :s o u T LEE R s , MarchandL1br2ire, 
M. D. C. LX X X VI. 
,Avec Priv1lege. 

dre!Jer ˆ V O S T R E 1'-1 AJ 
E S T E' ce nowvel Art de 
Jortifier les Places , dans 1111, 
temps o� Elle ne penfeq,t'ˆ conquerir, 
Ž.r oii. la fitt!e terre1lr 
de fan nom fttjfit po11r mettre 
(es Places les plus foib!es ˆ 
, ouv..rt des in(ttltes de fas Ennemis 
. J'ofe me flater pottrtant 
que V O S T R E 1'-f AJ 
ESTE' ne defaprottvera pasabfolttment mon dejfein ; pui.f.qtt'il efl vray qtte t'.Art de defendre 
les Villes , n'a pas etŽ 
j11fq1t'ici moins 1,tile aux Conqtterans 
, qtte /> Art de les attaquer 
; & q1t'on a vž de 
tres grands Capitaines obligez, 
azt milieu. de lettrs Conqttejles,
de courir ˆ la dŽfen(e de lettrs 
Places, ˆ la feuretŽ de/quel.les ils avoient negligŽ de pottr
ávoir. En effet n'ejl-ce pas ce 
m,i emp�cha Ageji!aus de pre


_

"-'entr 



venir Alexandre dans la Conqttejle 
de l' Ajie ? n' ejl-ce pas..
dis)e , ce qui lui ravit la gloire 
d'�tre le premier deflruŽle1tr 
de l'Empire des Perfas , fitr 
lefqttels il a-voit dŽja remporte 
plu(l.eurs a¥”JantaP;es , qttandles befoins prejfans de fa Patrie 
, dt>jJOttrávettŽ" de. Places. 
fortes , l'ob!igerent de fa reti:.
rer, Ž,~ !tu ™terent, pour aˆ..f'i.: 
dire , la Vifioire des mains 1 
Et qtt' attroit fervi ˆ Ale:-candre 
d'avoir portŽ fes armes Vifloriert/
es _j1ifqtt'aux dernieres 
e.r:tremitŽs de la Terre , fi 
les Lacedemoniens avoient .f�tt 
profiter de la faute qu' t! 
avott faite de !ettr lai/fer la 
1'1acedoine en proye , 
pottrn'avoir pas fortifiŽ /es frontieres 
ˆ fan depart? .ftfais pottrquoi 
chercher des attthoritez 
etrangeres ? n'avons nous pas

A 3 vž 



Vit V O S 
T R F 1 A T 
E


s T E' Ellt 1/J ,ne cm/loyer 
autant de foins Žr de fatigttes 
ˆ rendre.fesPlaces imprenables,
qu'elle en a employe depuis ,i 
conquertr des Proávinces entieres 
? l'ef)ere donc, S I R E, 
qu'elle ne refufera pas de Jetter 
les yeux fur ce petit Ou


vrage, oit j'a_y t‰che d'Žclaircir 


1me Science fi neceffaire ˆ la 


fa1trete des Etats & ˆ la 
Gloire des Conqtterans. Et 
certainement, apres táemploigloriettx 
dont j/ a lit ˆ V O


)

S T R E M A E ST E' de 
m'honorer , en me choiji!Jantpot'f en[eigner les lvlathematiqttes 
a M O N S E I G


NEU R LE DAU


p H I N , je dois faire att moins 
totts mes efforts pour decottvnr 
de nottveaux fecrets dans !'Art 
de dŽfendre les Places, c'ejf ˆ 


dire 




dire dans le/ml Art de/a G11er


re, dont il attra , peut-�tre, 11n 
jour befoin; Car Ji V OST RE 
MA] ESTE' contintt‘ encore 
qttelqtte temps ˆ courir , comme 
Elle fait , de ViŽtoire en V,Žtoire 
; je neifaiJiElle lui !aiffera 
rien ˆ attaqtter & ˆ Conqtterir. 
C'efl dans cette veue , 
S l RE , qtte je ftti prefente ce 
Livre. Hettre,,x ! s¥it pe11t en 
effet contnbtter ˆ l'inflruŽtion 
d'ttn Prince , dont la vive ardet,
r & les nobles inclinations 
donnent dŽja ˆ la France de gr ans 
prefages d'une publique felicitŽ; 
d'tm Prince, dis-je , qtu va dans 
peu marcher fur les pas de 
Charlemagne O" de Henri le 
Grand, Ott pour dire de lui quelque 
chofe de plus merveillettx , 
11i va bien-tojl f e mettre en

q

Žtat de rejfembler a VOST 
RE 11AJESTE' comme 

A 4 le 



le fouhaite avec toute la Franá 
ce, 

SIRE 

d, Votre Majeftl, 

Le tres-humble, tresáobe•f


fant & tres-fidele ferviteur 

&fujet 

BLONDEL. 



Pag. INOUVELLE 
MANI EREá 
DE" 
FORTIFIER 
LES 
P L A C E S-
PREMIER DrscouRs. 
ti...........,.. Es Perfonnes eu-Premie,: 
rieufes n'auront D,!i:..im.-pas peut-�tre def-
\'. agreablc que je 
.. .,,_ leur declarc, avant 
-= que d'entrer dans 
le deta1l de cet Ouvrage, le fujct 
qui me l'a fait entreprendre, ce 
A 5 qui.Pag. INOUVELLE 
MANI EREá 
DE" 
FORTIFIER 
LES 
P L A C E S-
PREMIER DrscouRs. 
ti...........,.. Es Perfonnes eu-Premie,: 
rieufes n'auront D,!i:..im.-pas peut-�tre def-
\'. agreablc que je 
.. .,,_ leur declarc, avant 
-= que d'entrer dans 
le deta1l de cet Ouvrage, le fujct 
qui me l'a fait entreprendre, ce 
A 5 qui.

l'rtmict 
È11cours. 

'l. NOUVELLE MANIERE 

qui lui efi: arrivŽ dans la fuite, & 
ce qui l'a emp�chŽ jufqu'a prcfent 
de paro”trc en public 
, quo y 
qu'il y ait affcs long temps qu'il 
foie fait. 

Jc dira y donc, qu'�tant de retour 
fur la fin de l'annŽe 1668. 
deslndesOccidencales,o� j'avois 
ŽtŽ envoyŽ par le Roy en qualitŽ 
de fon Commiffaire,pourvificer 
les Ifles de 
l' Amerique qui font 
fous la domination de fa MajefiŽ, 
& pourvoir ˆ leur feurecŽ; Je fus 
employŽ ˆ la direŽtion des ouvrages 
publics qui furent conftruirs 
ˆ Paris pendant les annŽes 
1669, 1670.&lesfuivantes, pourl'embeliffement de la Ville & la. 
commoditŽ de fes habitans. 

Cet e11.1ploy me donna occafion 
de me trouver fouvent en 
compagnie d'lngenieurs & d'autres 
perfonnes habiles en cet art. 
Et comme lcSiege de Candie qui 
Žtoit alors dans ion pe11ode, tant 

de 


DE f'oRTIFIE.R-LES PLACES. á3 


de Villes qukde Roy avoitprifes P..cmicr 
dans la Guerre áqu'il a voie. faite orfcour.,. 
peu d'an11..e auparavant�nF1an


dres, & le foil1 qu'il prenoit d'en 

faire fot1ti:ifov ph1freur ;ieur fourniifuient 
fan, cdfc une ˆmplcrnatici-c de difcourir fur l'art de 
fortifier les places : Nous en fai


fions nos plus ordinaires convcrfations. 


ous�:tions for tout �tonncz 
que des places, qui a voient autres-
fois acquis tant de reputation 
par b longue rcfifiance 
qu'elles avoicnt faites , foffcnt 
tombŽes en fi peu de temps fous 
les armes du Roy. 1dais nom en 
comprimes facilement b raifon, 
confiderant d'une part l'abondance 
de tomes choies dans les 
armŽes<lc fa ..fajeftŽ, la quantilŽde fon artillcri.c, la vigueur & 
l'cxpcricncŽdc res Officiers, la. 
bravoure & lu difcipline de fc.. 
Soldats, & l'accoutumance qu'ils 

A 6 one 



4, NO O VE. L L t: M ,\ ¥ l ER E. 

Pretl)!er ont prifc de ne fe point: Žparin‘r

D,fcow:s, part1culicrcmcnt en la prcicnC'C 
de fa ..1ajeftŽ. Et de l'autre l 'cfl:onnement 
des Ennemis , lcutr 
.peu de precaution, & la nece11ice 
o� ils fc trouvoicnt aprŽs une 
longue paix, de tout cc qui Žtoit 
necefiˆire pour la guerre. Ce qui 
nous fit conclure que ces pbcesauroicnt peut-�tre fouffcrc de 
J?lusgrands Žforrs fi ell<:s avoie..t 
et� fuffifammcnt munies & deá 
fcndu‘s par un plus grand nombre 
d'hommes & mieux entendus 
en l'art de fc dŽfendre. 
Pource qui .:toit de Candie, 
nous jugions fort bien que quelque 
vigoureufe que p�t �tre b 
refiftance de la place parles fe¥ 
cours continuels que les Princes 
Chr�tiensy envoyoient, il faudroit 
neanmoins qu'elle fuccomb‰t 
ˆ la fin fous l'opiniatretŽ des 
Turcs, & fous ces hautes montagnes 
de terre, pour ainfi dire, 

qu'ils 



nE FoRTIFIER LES PLACES. 5' 

qu'ils faifoient inceifamm�nt Premier . 


Difcour$).

ro..lcr devant eux pour r.1.e cou.. 

vnr. 

C'�toit lˆ le fujet de nos en-.
treticns , qui [e cerminoient le 
plus fouvcntˆ dire, que comme 
l'on avoit apportŽ du changement 
ˆ la fortification autant de 
fois que l'on a.voit inventŽ quefque 
nouveau tŽ dans les manieres 
d'attaquer.. il faUoit neccffairement 
s'appliquer ˆ la recherchŽ 
de nouvelles d..fcnfcs, pour oppofcr 
ˆ la violence des efforts que 
produifoic la methode que les 
lvfoderncs a voient trouvŽe pour 
affaillir. D'ou nous tirions une 
.confcqucncc nccdfairc, qtte l'art 
d'attaquer s'Žtoit fort avancŽ 

,m deffiu de ului de fe defen


dre 

.t:Jous cržmes donc qu'il [eroit 
bon d'examiner les manicrcsaccoutumŽcs 
de nos Fortifications, 
afin d'en bien connno”tre les 

A 7 ayan



,..emier avantages & lesdefauts, pour t‰.¥

D1f�o11rs. 

.

Jc 1er d'augmenter l es prenucr 

autant qu'il [croit po!lible, & de 
corriger les autre 

Mais ces l\1eflieurs fo�haitcrent 
que je les cntretinffe auparavant 
de ce que j'a vois remarq UI! 
de particulier aux di, erfes fortifications 
que j'avois v�‘s dans 
mes, oyagcs aux pays �trangers. 
Pour les fati áfaire je leur dis, qU:'.ˆ 
la refcrve de quelques places qne 
les Europc:ms ont conftruitcs 
aux Indes Orientales ou Occidentales, 
& dont la fortification 
ne feroit d'aucune confideration 
parmi nous; il n'y ::tvoit rien dans 
lestrois plus grandes parties du 
monde, l' Afie , l'Afrique & l' Amerique, 
qui pžt meritcr le nom 
de Place fortifiŽe. 

..e l'on en pouvoit dire autant 
de celles des Turcs, lefquels 
fe contentoient d'en reparer les 
brechcs fans y rien ajouter de 
nou



DE FoRTIF IER LES PLACES, 7 

nouveau; mettant la force de leur Prtmicr 

Difcouu.

dŽfenfe dans le grand nombr.e 
d'hommes qu'ils tenoient tož


jours en garnifon fur leurs frontieres. 
Je leur racontay ˆ ce pro¥ 
posqu'�tant en t.annŽe 10;9. Refident 
de fa ..fajeftŽ auprŽs du 

Roy de Danemark ˆ Coppenha


gue, j'eus ordre de paffer par ter


re ˆ Conftantinoplc, pour demander 
au Grand Seigneur rai


fon de l'injure qui avoir �tŽfaite 

au Roy par la decencion de Mr. 
de la Haye fon Ambaifadeur ˆ la 
Porre; Et qu'arrivant ˆ Gran,qui 
efi l'ancienne Scrigonium, Patrie 
de S. Hicromc, & la premiere des 
places que les Turcs poifcdent en 
Hongrie fur le Danube; le Gouverneur 
me fit voir huit milles Jan”ifaircs 
fous les armes ; de lˆ 

�tant allŽ a I3udc, il s'en trouva 
douze milles dans la grande pla


ce lors que je fus conduit ˆ l' Audiance 
duCa1macan.Et paOEmt de 

Bude en Tranfilvanie ou le Vi


.fir 



8 NouVELLE MANIERE" 


premier fir fe trouvoit alors ˆ caufe de 1a 

Difcollfs, guerre du Ragotzki, j'en vis encore 
huit milles dans le marchŽ 
de Themef war qui eft un peu au 
delˆ du Tybifque. 
cáeQ. lˆ toute la force de ces 
Fortereffes qui ont tant de revutation; 
Et je fus furpris de voir 
que ni Gran, ni Bude,ni Belgrade 
n'a voient pour toute Fortification 
qu'une fimple cl™ture de 
murailles avec des Tours ˆ l'antique, 
fans foffŽ pour la plžpart, 
fans rampart, & fans Contrefcarpe. 
Je fus encore plus �tonnŽ que 
la Fortereffe de Themefwar qur 
avoitfožtenu un fi grand Siege, 
n'eut qu'une enceinte de ramparts 
de terre, foutenus de grances 
clayes fans flancs, & �boulŽs 
en plufieurs endroits. Il eft vray 
qu'il y a par tout grand nombre 
d' Artillerie , mais fans affuts & 
pofŽe feulement fur des rouleaux. 
Ces deux Ch‰teaux ficelebres 
des 



DE FoR TIF IER LES PLACES. 9 


des Dardanelles fituŽs fur les an-Premier 

Difcours.

ciennes Villes de Sejlos &.Abydos 

qui font l'entrŽe du Canal quijoint laMer EgŽe au Propontide, 
ne font auffi que des maffes de 
pierre flanquŽes de quelques

Tours. 

Celle qui eft en Afie, eft dans 
la plaine de figure ˆ peu prŽsquarrŽe; & l'autre qui eft en Europe,
eft�tendu‘ en montant fur 
le c™teau en forme triangulaire. 
Elles font garnies l'une & l'autre 
d'un grand nombre de gros Canons, 
qui peuvent tirer ˆ fleur 
d'eau par de grandes Arcades qui 
leur fervent d'embrafures, & 
dont tout le fervice ne fe fait que 
fur des roulleaux ˆ d�couvert. 
Ces Mrs 
. ne pžrent s'emp�cheren cet endroit, de me tŽmoigner 
la joye qu'ils a voient d'�tre d�trompez 
de la fau!fe idŽe qu'on 
leur avait donnŽe de la force de 
ces places, par le recit veritable 
que je leur en faifois. Nous 



10 NouvELLE MANIERE 

Premier Nous pouvons, leur dis-je re


Difcouu. prenant le difcours, faire le m�me 
raifonnement des Places des 
Mofcovites: Car quoi que je n'aye 
pas v� celles de Cafchan ni 
d'Afiracan, qui font frontieres 
de la Mer noire & des Tartares 
Kalmuques & de Nagay; Je f�ay 
pourtant qu'elles n'ont d'autres 
Fortifications qu¥une ftmple muraille 
avec des Tours. Celles 
du Borifthene que j'ay vu‘s font 
de m�me; & je ne f�aurois affŽs 
m'Žtonner que les Villes de Kiovia, 
de Mohilou, & Smolensko 
ay ent pž fouffrir de fi longs Sieges, 
& qu'elles ayent fait perir 
tant de milliers d'hommes par 
leur dŽf enfe. 

Les Polonois mettent auffi á 
toutes leurs forces dans leurs armŽes, 
ils ne fouffrent point de 
Fortereffes parmi eux Us en ont 
feulement deux qu'ils eftiment 
imprenables, dont la premiere

efl: 



DE FORTIFIER LES PLACES. I 1 

eft celle de Witepzki en Litua-Premier

Difcours. 

me contre les R ff.

uues, & l'autre

.

celle de Caminiekz en Podolie 
contre les Turcs ; lefquellesneantmoins ne feroient pas confiderŽes 
parmi nous, & ne pourroient 
paifer tout au plus que

pour des places ˆ f e bien dŽfen


dre ˆ coups de main. 

Je ne parle point des Places de 
Pruife , comme de Dantzik, de 
Thorn, d'Elbing, de Heu pt, de 
Marien bourg &de Weifelmunde 
dans la Royale; ni de Konigsberg 
, du Pilau & de Memel 
dans la Ducale; non plus que de 
celles des Suedois en Livonie,
comme 
deRiga, du fort deDunemunde, 
de Revel, de Nerva; 
parce que toutes ces Places font 
fortifiŽes pour la p-lž part ˆ la 
Hollandoife, auffi bien que le 
fortdeNoctebourgqui eftfur le 
Canal, par ou les grands Lacs, 
que l'on appelle Onega & Lado


ga, 



12 NouvELLE MANIERE 

ttr_emier ga, fe dechargent de la :Mofco-
vie ans a er e m an 
Voici feulement deux chofes 
e. 

aiTŽs particulieres que j'ay remarquŽes 
en ces quartiers-lˆ. La 
premiere eft une manicre de 
Fort1fication extraordinaire que 
j'ay v�‘ dans les Provinces de 
Kexholm & de Savolaxe entre 
les Suedois & les Mofcovites, 
affŽs femblable ˆ celle dont les 
Saxons s'Žtoient autrefois fi bien 
fervis contre les troupes de 
Charlemagne. Elle eft faite de 
grands Arbres plantŽs debout 
un peu panchŽs & entrelaffŽs l'un 
dans l'autre d'une maniere fi ingenieufe, 
qu'ils prefentent mille 
pointes par le dehors en forme 
de heriffons ou de chevaux 
de frize, & font par le dedans 
une ef pece de rampart ou de parapet 
pour la couverture de ceux 
qui fervent ˆ le dŽfendre. Ce 


que j'eftimerois beaucoup pour

á 

des 

.. 


DE FoRTIFIEll LES PLACES. 1..

> 
Premier 


des retranchemens de Camp, & Dif,ours. 


pour les coups de main, fi l'on 
pou voit les mettre par dehors en 
�tat de ne point apprehender 

le feu. 

L'autre eftune nouvelle efpece 
de dehors que Mr. le Comte 
Todt MarŽchal de Suede & Gouverneur 
de Livonie a voit fait faire 
ˆ Riga fur la Duina,& qu'il me 
fit voir lorfque j'y paifay ˆ mon 
retour de Mofcovie. 11 l'avoit 
inventŽe depuis la levŽe du fiŽge 
que les Mofcovites a voient mis 
l'annŽe precedente devant cette 
place, o� ils a voient perdu inutilement 
leur temps pour avoir 
fortement engagŽ leur principale 
attaque entre la Ville & la Citadelle, 
d'o� ils �toient vžs de 
tous c™tŽs par le revers , & en 
quoy ils a voient montrŽ leur ignorance, 
qu'on peut bien en cela 

nommer brutale. 

A dire le vray cette invention 

eft 



J 4 N O u V E L L E l\,f A N I E R E 


efr fort ingenicufc, parce qu'el


Pr_cmicr 

Difcouu. le peut {�lon 

le befoin i�rvir 

pour la Ville contre la Citadelle 
au cas que celle-ci f�t prifc la 
premiere, ou pour la Citadelle 
contre la Ville, fi les Ennemis 
s'en Žtoient rendus les 1-fa”tres. 


En fŸitte continuant mon difcours 
, j'appris ˆ ces Meffieurs 
qu'il n'y a voit rien de confiderable 
pour la Fortification , ni en 
Suede ni en Danemark ; Mais 
que dans la Marche de Brandebourg 
l'on pouvoir faire beaucoup 
de cas de la place de Kufirin, 
plus ˆ la veritŽ pour les 
avantages de fa fituation que 
pour autre chofe. Puis fans 
m'arr�ter aux places de la Pomeranie, 
qui Žtoient aifŽs bien fortifiŽesˆ 
nos manieres, non plus 
qu'ˆcelle de Berlin, que fon Alteff: 
El..Žtoralc de Brandebourg 
avo1t fait enveloper d'une Forti


fica



DE FoR TIFIER LES PLACES. 15 

ncation ˆ la Hollandoife dans le P..r.mier 
temps que j'Žtois Refident pour 
Dl cours. 

le Roy au prŽs de lui; Je leur dis 
que les Places de Hambourg, de 
Lubec & de Br�me �toient fort 
bien fortifiŽes felon nos manieres 
, & que celle de Harbourg 
fur l'Elbe ne leur ccdoit en rien 
quoi que fa Fortification revetu‘ 
aproch‰t affŽs de celle de Mr. 
de Pagan. ]'ajoutay que j'approuvais 
fort la nouvelle Enceinte 
que !'Empereur a voit fait 
conftruire autour de Komorre 
fur les frontieres de Hongrie ,
& ˆ ce que l'on a voit changŽ depuis 
peu ˆ Javarin & ˆ Vien


ne. 

AprŽs quoy pafiˆnt aux Places 
d'Italie, dans le dŽtail defquelles 
je ne voulus point entrer ;
Je m'arr�tay feulement ˆ celles 
qui ont le plus de reputation , 
commen�antpar la Fortereffede 
Palmanova qui eft dans le Frioul 

des 



l..crnicr 

I>1fcours. 

16 NouvELLE M1.NIERI. 
des Veniticns. Elle a neuf ba


, .

1.

ftions tres regu 1ers revetus JUf


qu'au rŽs de la Campagne avec 
deux beaux Cavalli ers dans chacun 
des Angles du flanc; le toue 
b:”ty , comme je crois , fur les 
de!fc”ns de l'Ingcn”cur Lorini 
Elle pourroit fans doute rendre 
une fort bonne dŽfenfe, fi elle 
avoit des foffŽs affŽs creufŽs, de5 
De hors & des Contrcfcarpes; fi 
fes flancs Žtoient plus grands; fi 
la ligne de dŽfenfe n'Žtoit pas fi 
longue, & fi la maffe de fes baftions 
de terre n' Žtoit pas fi �levŽe 
& avec un fi Žnorme talu. Le 
Fort Urbain dans le Bolognefeefi:mieux entendu pour ce qu'ilcontient. LaPlace de Corfou 
qui eft aux Venitiens, & celle de 
Portoferra•o , que l'on appelle 
autrement Cojimopoli, & qui eft 
a 11r. le Grand Duc de Florence 
dans l'lile d'Elbe, font tres-fortes 
par leur afiiete , & par ce 

qu'on 


DE FoR TIFIER LES PLACES: 17 
qu'on y voit tout ce qui a-pž y l'..emier 


A ¥ / l' r. D1fcours.

erre aJoute par art : Ce 10J;1t 

en un mot les d..ux plus belles 
Ecoles que j'aye veu‘s pour la 
F ortifi.cation irreguliere. 

L'Hle de Malte pourroit auffi 
palfer pour telle, ˆ caufe de la 
quantitŽ incroyable de fe1i Fortifications, 
quoyqu'elles ne foient 
pas fans des dŽfauts t:res-confide .. 
rablei;,Ceux de la vieille Fortifi.cation,
ceux de la floriane,& ceux 
m�mes des Ouvrages qu! y ont 
�tŽ ajoutŽs par le Cardinal Fiorenzola, 
ont �tŽ fort bien remarquŽs 
par plnfieurs.Mais je ne voi 
pas que l'on ait encore affŽs-bien 
examinŽ ceux de la nouvelle hnceinte 
de Valperguc,quoyqu'ils 
foient tres grands & en tres 
grand nombre. A l'o�cafion de 
quoy je ne puis m'emp�cher de 
dire qu'il y a raifon de s',Žtonner 
que cet homme ait pž avec fi peu 
de fondement de capacitŽ, s'ac-

B que



Premier 
Difcours. 

18 NouvELLE MANIERE 
querir tan.. de reputation & de 
creance, que l'on ait bien voulu 
lui confier fi. aveuglement un 
Ouvrage de cette nature & de 
cette importance. 

Au fu jet de la grandeur des 
Ouvrages, je n'aurois pas cydevant 
manquŽ de faire mention 
.del' entreprife des Magiftrats de 
Dantzik, qui ont enfermŽ dans 
leur Fortification une montagne 
.de tres grand circuit qui commandoit 
ˆ leur Ville ; j'aurois 
-contŽ les 6.afl:ions de Hambourg,
de Br�me, de Berlin 
, & ceux quel'on a confl:ruits il y a quelques.annŽespour la 
nouvelleenceinte 
de la Ville d' Amfl:erdam; fi jene m'�tois propofŽ de parler plžt™t 
de ce qu'il y a de particulierdans la forme de la Fortification,
qm.. de la grandeur des travaux 
™u de lem: Žrnndu‘. 


¥ 
C'efr pour cette raifon , que
pour parler de la Ville de Genes?
qu1 


nr: FoRTIFIER LES PLACES. 19 

qui a ŽtŽ fortifiŽe de n™tre temps P..emiel fur les de/feins du Cardinal Fio-Difcouu 


renzola, je ne m'arrŽterai pas ˆ 
exagerer l'Žtendu‘ immenfe & 

Ja. varietŽ des Ouvrages qu'il a 

faits fur le fommet des montag


nes qui environnent la Ville 

pour les renfermer dans une Enceinte; 
je me contenteray feu¥ 
lcmcnt de dire qu'encore que

cette Fortification foit de bonne 
ma�onnerie & d'une Žpaiffeurco1i!iderable, elle efi: neanmoins 

fans foffe , fans contrefcarpe & 
m�me fans rampart en plufieursendroits; Et que nonobfi:ant le 

foin que l'Incrcnieur a pris de 
m�nager des flancs ˆ toutes les 
faces, il y a pourtant des lieux, 

q lll par l'j rrcgularitŽ de la fitua


tion & par la di{ pofition incommode 
du terrain haut & bas, n'en 

font point v�s, il y en a d'autres 

o� les flancs font trop petits ,

& d'autres o� la ligne de dŽfenfe 

B z cfr 



20 N 
O u 
V ELLE 
1\-1 A N I ER E: 

ár_cm•c, eft trop longue ; de forte que 


t.l1f,01US, 

s'approchant au 1ong du pen


chant de la montagne, o� 11 eft 
fort facile de f e couvrir , l'on 
peut en peu de jours venir au 
pied de la muraille, & s'attacher 
fi l'on veut aux endroits qui ne 
font dŽfendus que par des angles 
rentrans, au fonds defquels on 
ne peut point �tre vž du dedans; 
ainfi je ne vois rien qui puiffeemp�cher l'afiˆillant de faire en 
peu de temps fauter la muraille & 
s'y loger. 

Jc dis en fuite ˆ ces Meffieurs 
qu'ˆ la referve du Port Mahon 
qui eft dans l'lfle de Minorque ,il 
n'y a voit rien de confiderable en 
Efpagne que Rozes & Fontarabie, 
qui ne font pourtant que des 
places fort mediocres : ˆ moins 
que l'on ne voul�t parler de celles 
que les Efpagnols ont fait 
conftruirc de nouveau dans les 
PyrenŽes, ou dt: Ja Citadelle de 

Pala



DE FoRTIFIER LES PLACES. 2 1 


Palamos, au cas qu'ils l'euifent Pr_cmic, 

achevŽe fur le deifein fur lequel Difcouu. 

je l'avois fait commencer lors 
quej'en a vois le gouvernement. 

..and. ces Places qui ont eu 
ci-devant tant de reputariondans l'Europe, comme font la 
Citadelle d'Anvers , celle de 
C1mbray, de Turin, le Chateaude Milan & autres de cette nature;
je me contentay de leur raconter 
cc que j'oŸis dire ˆ 11r. le 
Mar�chal de la Meillera•e fur le 
fujet de la Citadelle de Perpignan 
a prŽs que nous l'ežmes prif� 
en prcfence du feu Roy en 
l'annŽe 1642.; qu'il �toir marri dene l'avoir pas bien connu‘, parceque 
nonobftant la haute eihme 
ou elle �toit dans le monde,
elle n'auroit pas fouffert, ˆ cc 
qu'il affuroit, plus de trois femaincs 
de tranchŽe ouverte s'il l'a.voit 
attaquŽe par force. 


Je vouloisáme taire lors qu'un 

B 3 de 



'l.'l. NOUVELLE ..f ANIERE 


Prrmicr de ces 1-fcffieurs me dit en riant,

Difcours. 

1r.

qu,álcll1 ¥ fuuc ma lf: ¥ans-

1a oit que Je 

fait des H™telleries d'Hollandc, 
puifque je paffois ainfifous filcnce 
ce qu'il y avoit en cc pa•s-llde plus beau fur cette maricrc. 
Jevous entends, lui dis-je,& fi je 
ne me trompe, vous voulŽsparler 
de la Fortereffc de Couorden,
quieften effet 
le 
plus beau bijou 
que l'on puiffe voir, ou plžr™tun chef d'oeuvre de la Fortification 
reguliere ˆ la Hollandoif e. 
Elle ˆ iŽpt baftions de terre environnŽs 
d'une a!fŽs belle faulfe 
braye, avec des demi-lunes au 
devant des Courtines & ˆ la 
pointe des baftions. Elle pourroit 
fans doute faire une dŽfenfe 
confiderable fi elle Žtoit attaquŽe 
dansles formes & dans les faifons 
ordinaires: Mais fi elle a voit 
ce malheur de l'�tre dans un 

temps pareil ˆ celuy qu'il faifoit 
lors que je l'ay veu‘ la derniere 

fois, 



DE FoR TIFIER LES PLACES. 2 3 

fois, elle perdroit beaucoup de PJ:cm•cr 

'avantage e a 1tuat10n,& cour


roie rifque de ne pas bien confer


ver la reputation o� on l'a mife; 

Car il faifoit alors une fi grande 
fechereffe qui duroit depuis long 
temps, que l'on pouvoir s'en 
approcher de toutes parts par les 
Marais. Ce qui me fit diminuer 
beaucoup de l'eftime que j'en

avois conceŸe avant que -de la 
voir; Outre que j'ai une averfion 
naturelle pour les Places de ter


re, pour les flancs obliques,pour 

la petiteffe des chemins couverts, 
pour les pa1iffades plan


tŽes fur la cr�te de la. Contrcfcarpe, 
& pour diverf-es autres 
chofes qui fe trouvent dans-cet


te Fortification. 

Jevouloiscntrerdans unplu5 
grand detail des ouvrages de 
cette Place, lors que ces Mefficurs 
m'arr�terent, & me dirent 
que cela devoit �tre difc.utŽ dans 

B 4 l'exa-á 


P..emier l'examen que nous voulions fai


Dircours

¥¥re des manieres particulieres qui

ont �tŽ ou decrites ou pratiquŽespar les Ingenieurs qui nous ont 
precedŽ. En effet, nous nous yappliqu‰mes avec affŽs de foin 
dans la fuitte de nos conferences; 
nous tach‰mes de decouvrirce qu'il y a voit de bon ou de mauvais 
tlans les Ouvrages & dans 
les difcours qui ont �tŽ faits fur 
cette matiere; Et nous rapport.1.mes 
fŸr chaquefujet ce que chacun 
de nous avoit rema:rquŽ de 
fingulier dans les Occafions & 
dans le$ Sieges o� nous nous 
�tions trouvez, examinant & recherchant 
la eau{ e veritable des 
Žvenemens extraordinaires que

A

nous y avions v.. arnver.

Il ne faut pas s'attendre que jerapporte en cet endroit les particularitŽs 
de ce_s entretiens ; 11s 
pourn>it;nt fourn1_r une fŸflifante 
matiereápour un ouvrage con"' 
. .. á fid‘



DE FoR TIFIER LES PLACES, z5 
liderablc s'ils Žtoient raffemblŽs Premier 

quelque Difcours. 


& mis en ordre par

main h.1bilc. Je ne fera y feule


ment que p:iffer legeremenc par

defius,rant ˆ caufe que je ne veux 

rien dire ici qui n'ait rapport au 

fuJet de ma N ouvellc Fortifica


tion, que p:trce que j'en parle af


fŽs amplement dans un TraitŽ de 

l' Arc de F ortificr , d'attaquer & 

de dŽfendre les Places, que j'aycompofŽ & enfeignŽ ˆ Monfei


gneur le Dauphin, & ˆ leurs A. 


S. S. ..lcffeigncurs les Princes 
deConti & de la Roche-for-Yon, 
& que cc traitŽ verra, Dieu ai


d"nt, le jour en fon temps, avec 

le rcfre du Cours de ..lathemari


que que j'ay fait pour le m�me fu


jet,& dont le Roy m'a comman


de de faire part au Public. 

L'on ne verra donc 1ct que 
que I q ues un es des p; us confid e ¥ 
r.ables maximes de pratique de 
1a Fortification , fur lc1quclles,

B 5 
DO'.JS, 



Pr..micr 

I>ifcoiu,. 

26 NO u VELL l!. MAN t ER l!. 

nous nous fommes trouvŽs tou 
d'un m�me fentiment. Premie


rement 
comme 
il a tožjourspaffŽ 
pour confbnt parmi les Ingenieurs 
, que le meilleur des Angles 
flanquans, que l'on appelle 
autrement Angle de la Tenaille, 
eft l'angle droit, & que tous les 
autres n'ont de bontŽ qu'autantqu'ils s'approchent de plus prŽs 
de cette ouverture: Nous juge‰mes 
que l'on ne devoit jamais 
faire de baftions obtus fans y 
�tre forcŽ, ni m�me de droits, 
hormis ceux qui font fur la ligne 
droite;parce qu'ils ouvrent trop 
l'angle flanquant, qu'il rendent 
la dŽfenfe trop oblique, qu'ils 
la diminu‘nt, & qu'ils en alongent 
la ligne; Eftimant pour cette 
raifon que la maniere Hollan¥ 
doife eft preferable en ce point ˆ 
l'ltalienne & m�me ˆ celle de 
Mr. de Pagan; parce que faifant 
les angles de fes baftions aigus, 
en force neamnoins que la poin


te 


nE FoR TIFIER. LES PLACES. '17 


te n'en puiffe point �tre facile-P..cmier 
ŽmobffŽe ˆ coups de Ca-Difcours.

ment 

non, elle tire mille av<1ntages 
pour la grandeur du feu de fa 
dŽfenfe, que les autres perdent

inutilement. 

Cc qu'on dit en faveur des baihons 
ˆ angles droits ou obtus, 
qu'ils refiftent mieux par leur 
maffe ˆ la fureur des batteries & 
qu'ils ont plus de capacitŽ queles autres, n'eft point veritable 
en tout fens: Car il fuffit que la 
fur face du baftion battu ait affŽs 
de largeur de rampart pour refifter, 
fans qu'il foie bcfoin quel'Žpaiffeur enticre du baftion y 
foit employŽe Pour cc qui eft de 
la capacitŽ , il ne faut que fe 
donner la peine de faire un petit 
calcul pour trouver que de deux 
triangles ifoceles, dont l'un dl: 
reŽbnglc & l'autre feulement de 

60. 
degrŽs, & qui forment deux: 
dift�rens bafŸons ayans les lon-
B 6 gucurs.. 



2.8 NouvELLE MANIER! 
l'r_,mier gueurs de leurs faces Žgales-, 1a 
D1fcours, . 

/ .

capac1te du premier n,exccde 


l'autre que d'une fixiŽme partie; 
ce qui devient m�me infenfible


J.,. mentˆrien, lors que l'angle e(l: 
ouvert jufqu'ˆ 70. ou 7 'f-degrŽs

.

Nous avons en fuitte approuvŽ 
les Places bien revetu‘s, & 
condamnŽ les Ouvrages qui ne 
font que de terre, parce qu'ilsfont de difficile entretien; qu'il ya mille occafions o� ils peuvent�tre infultŽs; que l'on n'y pŽut 
point faire de Places baffes; & 
que les flancs en font fi facilement 
rendus inutiles & rompus, 
que l'on en a tirŽ ce difcours, qui 
paffe ˆ prefent en proverbe, que 

le corps de la Place ne fart en ces 
forterej]es , q1lˆ faire aávoirfa


compojition meilleure , au..ffi-t™t 
qit'elle -efldŽpoŸi/tje de fa s :De-hors. 


-Nous avons au contraire beaucoup 
efŸmŽ les Orillons & ks. 


Pla



J')E .FoR TIE'lr.R LES PLA�Es. 1.9 


Places hautes & baffes dans les Premier 


flancs; mŽprifant les raifons ‰e Difcours. 

ceux qui difent qne le fervicc 

des hautes emp�che celui des 
baffes,& que celles-ci deviennent 
d'abord inutiles par la chžte 

des ruines du parapet de deffus. 
Dautant qu'il y a mille moiens 
d'emp�cher que ces Places ne fe 
nuifent l'une ˆ l'autre dans leur 
fcrvice, que l'on n'efi pas tož


.fours obligŽ de faire tout ˆ la 

fois; Et 
parceque l'on peut recevoir 
doucement les ruines ou 

dans un petit foffŽ , ou fur un 

toit de longue paume oppofŽ au 

mur de la place haute, & lesemp�chcr 
par cc moyen de nuire ˆ 

ceux qui font le i�rvicc du Ca


non dans les Places baffes. 

Les fauffes brayes nous ont 
paru fort bonnes, non feulement 
au droit des flancs, mais m..mc au 
long Ž:les face.. des ballions pourvcu 
qu'elles aycnt une affŽs 

B 7 bon



Premier 
])ifcoun. 

30 NouvELLE MANIERE 
bonne largeur de chemin ou Žle 
platte forme pour pouvoir y faire 
fervir des petites pieces; Qg_e 
le haut du Parapet foit ˆ fleur du 
Coridor de la Contrefcarpe, & 
que l'on pourvoye ˆ la furetŽ du 
dedans des faces par quelquegrand corps ou maffif de ma�onnerie 
ˆ la pointe, ou au moins 
par des traverfes pofŽes ˆ propos 
, qui puiffent emp�cherqu'elles ne foient enfilŽes du 
haut de l'angle faillant de la 
Contrefcarpe.

Nous avons fait le m�me jugement 
de ces Ouvrages que 
l'on conftruit vis-ˆ-vis des Courtines 
, lors que les Places ont 
beaucoup de fecond flanc, queles Italiens qui en ont parlŽ les 
premiers appellent Barbacanones; 
principalement s'ils font 
faits avec des avances donc les 
c™tŽs foient perpendiculaires ˆ 
la ligne de dŽfenfe; Parce que ce 

font 


DE FoR'I'lFlF.R. LES PLACES. 31 

font comme des flancs bas .q-ui Premier 


peuvent razer & voir de plus Dliceurs. 

prŽs les travaux des Ennemis 

lors qu'ils veulent traverfer le 

foffŽ ; Et parce que l'on peut

dans les foifŽs fecs s'wembler 
derriere ces Ouvrages fans �tre 

vž, quand on veut faire de gran


des forcies ; Et qu'aux fofl�.5 
pleins d'eau l'on y peut tenir en 
feuretŽ les bateaux & les pon


tons de paffage ˆ couvert. 

Au refte nous avons fans balancer 
preferŽ le foffŽ fec au foffŽ 

plein d'eau pour les Places confi


derables & qui ont un bon corps 
de Fortification principale; parce 
que c'eften cet endroit o� l'on 
peut faire la plus grande refiftance; 
o� l'afiˆilli efr le plus ˆ cou-vert, 
& o� l' Affaillant ne peut 
entrer qu'.ˆ. 1a file : Mais il faut 
pour cet effet que le foile foit de 
bonne largeur & profondeur, & 
qu'il foit vž de tout le flanc. 

Nous 



32-NouvELLE MANIERE 


Pr_emier Nous avons ˆ ce propos bl‰mŽ 

Difcow:s, 

l'ufage qui eft fi frequent aux 

Places fortifiŽes ˆ la Hollandoife, 
qui ont beaucoup de flanc en 
courtine & o� les ContrefcarpesŽtant paralleles aux faces des bai1ions 
, leur angle rentrant s'avance 
de telle forte vers le mi.. 
lieu de la courtine, qu'il ™te abfolument 
au flanc la vž‘ du fofi� 
qu'il doit dŽfendre au long de la 
face du baftion oppofŽ. 

Nous avons au contraire loŸŽ 
la pratique de ceux qui pour ne 
point tomber dans cet inconvenient, 
aiment mieux diminu‘r 
1a largeur du fo!fŽ vers l'angleflanquŽ. Nous n'avons pas eu 
beaucoup d'eftime pour la propofition 
que l'on faifoit alors de 
bitir un gros corps de ma�onnerie 
maffive en continuant la.ligne 
capitale au travers du foffŽ pour 
conferver les batteries des 
:flancs,. emp�chant qu'elles 1:....e 

fo.ient 



DE FoR TIFIER LES PLACES. 3 3 
foient v�‘s du Canon que les P..cmier 


la nifcours.

Ennemis auroient mis fur 

Contrefcarpe qui les regarde;
tant parce que ce travail joignant 
la pointe du baftion ˆ la Contrefcarpe 
n'a point de dŽfenfe, & 
peut �tre facilement pris par les 
Ennemis, que parce qu'il interrompt 
la Communication des 
parties du foffŽ, dont on peut neanmoins 
tirer de grands avantages 
par les forcies. 

á L'ufage des Cunettes nous a 
femb!Ž merveilleux , pourveuqu'elles foient de grande largeur 
& profondeur; qu'elles ne foient 
pas fi proches de }a Conrrefcarpe, 
que les Ennemis la puilfent 
remplir du trou de leur fappe; & 
qu'elles laiffcnt dcrriere elles af.. 
fŽs de terrain pour y pratiquerles rctranchemens, les traverfes,& Je.. autres travaux que l'on fait 
ordinairement & qui font fi uti¥ 
les pour la dŽfcnfc du fo.(JŽ. 

C'cft 



34 NouvELLE :MANIERE 


P..emier C'eft pour cette raifon qu'au'.<

D1fc01US, 

10 .
C mes p1 .emsd'eau, nous \'OU drt-

OnS que l'on laifiˆt au pied de 
l'cfcarpe de la fau!fe-brayc une 
berme de fuffifante largeur pour 
y pouvoir pratiquer ces logemens 
& dŽfendre de plus prŽs le 
pafiˆge du foffŽ. 

..ant aux Contrefcarpes que 
l'on eft obligŽ de rev�tir, on jugea 
qu'il ne feroit pas hors de 
propcs qu'il y ežt un petit cori‰or 
voutŽ & pratiquŽ dans l'Žpaiffeur 
du mur avec des canonieres 
que l'on ouvriroit en 
temps de fiege du c™tŽ du foffŽ, 
dans l'Žtendu‘ feulement qui eft 
comprife entre les deux faces 
desbaftions prolongŽes , a.fin de 
voir par derriere les ouvragesque les ennemis feroient pour 
traverfer le foffŽ; .. d'ailleurs 
ne s'en pourroient pas fervir 
quand ils s'en feroient rendus 
les Ma”tres, parce qu'ilsy pourroient 




DE FoRTIFIER LES PLACES. 3; 


roient �tre foudroyŽs par le Ca-Pr..mier 

non desfiancs. 

Ces Meffi.eurs approuverentbeaucoup l'ufage que j'avois le 
premier introduit depuis peu 
danslaForcification de nos places 
,de donner fept ˆ huit toifes 
de largeur au chemin couvert de 
la Contrefcarpe, au lieu-de quatre 
ou cinq toifes feulement quel'on lui donnoit auparavant ; 
parce que toutes les fois quenous avions infultŽ ces Contrefcarpes, 
j'avois remarquŽ que 1es 
Ennemis n'avoient jamais pžnous refifter, ˆ caufe qu'ils n'avoient 
point affŽs de place pour.fe mettre en bataille & s'y dŽfendre. 


La facilitŽ que nous avons 
trouvŽe en plufieurs Sieges, de 
rompre telle quantitŽ que nous 
voulions des paliilˆdes que les 
Ennemis a voient fur Ja cr�te du 
parapet de leur Contrefcarpe , 

& 


36 NouvELLE MANIERE 
l'rcm•cr & d'engardcrccque nous vou


Difco11rs. 1. ¥ ,

10ns pour nous en fcervir a ap


puyer n™tre logement , nous a 
fait 
condamner abfolument cette 
pratique; Et cesMrs. ont approuvŽ 
celle que j'avois auffi introduite 
nouvellement, de mettre 
les palilfades en dedans du 
chemin couvert ŽlognŽes de 
cinq ˆ fix pieds de fon parapet. 

Nousavonscrž que 
lesfoffŽs 
des Dehors devoient �tre a!fŽs 
larges & affŽs profonds, & qu'ilsdevoient auffi �tre ouverts dans 
le grand foirŽ, & bien vž du 
corpsde la Place, s'il fe pou voit, 
ou au moins par d'autres Dehors 
tellement couverts & foutenus 
du feu de la Place, qu'ils ne puffent 
point �tre attaquŽs avant les 
Dehors dont ils dŽfendent le foffŽ. 
Nous avons fort bl‰mŽ les 
grands Ouvrages ˆ corne & ˆ 
couronne, ˆ moins que leurs c™tŽs 
ne foient tellement fou tenus 

d'au



DE FoRTIFIER LES PLACES: 37 
d'autres travaux, que l'on ne P..emier 
puiffe pas couler au long de leurs Dif,ouu. 
grandes faces, comme on fait ordinairement 
pour 
les venir attaquer 
par la gorge. 

Nous Žtions dans le fort de ces 
raifonnemens, lors que l'on receut 
ˆ Paris la Nouvelle de la 
mort de Monfieur de Beaufort & 
de la reddition de Candie, ce qui 
donna lieu ˆ une petite difgreffion 
qui ne fut pas defagreable ˆ 
Ja Compagnie. On fo loŸoit en 
m�me temps de la bonne foy du 
Grand Vifir, du bon traittement 
qu'il avoir fait ˆ ceux de la 
Place, & de fa civilitŽ ˆ l'Žgard de 
quelques Officiers Fran�ois 
qui y Žtaient demeurŽs depuisle depart de l'armŽe navalle : 

Et comme il y avoit des 
gens qui attribuaient toutes 
ces hon�cetŽs ˆ l'inclination qui 
pouvoir lui �tre reftŽe pour ceux 
qui �toient du pa•s o� fes Anceftres 
a voient pris naiffance, fui


vant 



l'r_emicr

D1f,oun. 

38 NouvELLE MANIERE 
vantle bruit qui a voit couru que 


r. p � á 
ion erc toit un Renegat Fran


�ois; Je ne pžs m'emp�cher de 
m'offrir ˆ nos Meffieurs de les 
defabufer de cette erreur populaire. 
Sur les infl:ances qu'ilsm'enfirent, je leur 
disquelePere 
du Grand V Hir qui avoit pris 
Candie, a voit nom Mehemec 
B1cha; qu'il a voit auffi polfedŽ la 
m�me charge de grand Vifir 
avant fon fils; que c'�toit le m�me 
qui a voit eu le dem�lŽ dont 
j'ay parlŽ ci-devant avec Mr de 
la Hay 
e Ambalfadeur du Roy, au 
fujet de certaines Lettres en 
chiffre qui a voient �tŽ interceptŽes, 
&quilui 
avoient fait croire 
quel' Ambaifadeur �toit forci 
des bornes de fon devoir par la 
correfpondance trop partialequ'il avoit entretenu‘ avec les 
Ennemis du Grand Seigneur; & 
Que cet homme �toit Arnattte 
de nation, c'eft ˆ dire d'un pa•s 

qu¥e 


DE FoR TIF IER LES PLACES. 39 


que l'on appelle l'Albanie de la Pr_cmiÇ 
Colchide au pied du Mont Cau-Difcour,, 

cafe. 

Il �toit au refte fort fanguinaire 
& facile ˆ fe mettre en fureur, 
il a voie quelque chofc de terrible 
dans le vifage; fes yeux�toient fi Žtincelans qu'ils lui 
a voient aquis le furnom d'.Atefch 
parmi eux, c'efr ˆ dire tout 
de feu; il a voit les deux dents de 
devant de la machoire de delfus, 
d'une fi prodigieufe longueur , 
qu'elles fortoient de fa bouche, 
& defcendoient alfŽs bas au cleffous 
de fa levre inferieurc. 

J'ajoutai que nonobfrant tous 
fes emportemens, la haine horrible 
qu'il avoit conceu‘ contre 
l' Ambalfadeur, & les mauvais 
offices que les Minifrres de l'Empercnr 
nous rendoicnt 
inccffammcnt 
au prŽs de lui P.ar la voye de 
fon lntcrprete appcllŽ Panajoti, 
.. ui �toit auffi a leurs gage..; 

JC 



40 N O u V E L L E M A N I E R E 


..r..d:s. je nelai{fai pas d'�tre fort bien 
receu de lui, d'�tre regalŽ de 
prefentsde V cfi:cs tant pour moi 
que pour ceux d.. ma fuitte, & 
d'�tre pui!famment folicitŽ de fa 
part de demeurer auprŽs du 
Grand Seigneur pour y refider ˆ 
la place del' Amba!fadeur. 

Pour revenir ˆ n™tre fujet, il 
faut, dis-je ˆ ces :Meffieurs, queje vous regale d'un petit fait 
d'hiftoire qui nous y ramenera 
necefiˆircment, parce qu'il y a 
beaucoup de relation, auffi bien 
qu'ˆ ce qui s'eft pa!fŽ au Siege de 
Candie. Ce fut un Vieillard 
Turc d'Alexandrie qui l'a voit 
appris de fon Pere, & qui m'en 
fit le recit lors qu'Žtant en Levant 
il y a plufieurs annŽes, j'allois 
voir les Pyramides d'Egypte. 
Il me raconta; ..e lorsque 
le Grand Solyman fut arrivŽ devant 
Rhodes pour l'aflieger, il 
fit appeller fes principaux Offi


ácicrs 




DE Fo.ll TIFlE:lt LES PLACES: 41 

ciers pour f<�avoir leur fentiment 1..er,mier 

. 01 cours.

fur les mameres de l'attaque, & 

cc que chacun d'eux voudroit 
faire pour venir bien -t™t ˆ bout 
de cette entreprife. La propofi .. 
cion a voit de fi grandes difficultŽs 
par elle m�me, que le Grand 
Seigneur ne rcccut point de fati5fJŽhon 
des raifonnemens 
qu'ilsluifirent:Etcomme il �toit 
couchŽ, ˆ la maniere des Turcs, 
fur des carreaux au fonds de fon 
Soffa,& que les autres �toient debout 
au delˆ du marchepied , il 
leur dit affŽs brufquement:Venez 
�a,dit-il, vo11sqtžn'avŽspointtrouvŽ te fecret de vous approcherde la Ville de Rhodes; attriŽ s vous 
att moins celui de votes approcher 
de moi Jans mettre te pied fttr te tapis 
de mon Ejlrade ? Et n'attendant 
pas qu'ils fuffent fortis 
de 1 embaras o� la nouveautŽ 
de cette quefiion les 
avoit mis, il fit figne ˆ deux Efclavcs, 
qui fuivant l'ordre qu'ils 

C avoient 



4'?. N 
O u 
V EL L E 
1v1 A N I I: R E 


,,c!llicc avaient eu auparavant de lui

D1fcoucs. ' 


prirent le tapis par les bords, & 

Je roulerent devant eux au longde l'Eftrade juf qu'aux pieds du 
Grand Seigneur; qui dit alors ˆ 
[es Capitaines en voix de Ma”tre; 
Voilˆ, ce dit-il, le facret de 
votts approcher de moi fans marrher 
fttr le tapis; fervez V/Jtls en 
pour vous approcher de la Ville de 
Rhodes;faites rouler devant votts 
toute la terre qtti votts [epare, & 
renverfŽs tottt ce qtte vous trottverŽs 
en chemin qtti vous arrete. 

C'eftauffice que les Turcs ont 
pratiquŽ au Siege de Candie ,
dont le terrain a ŽtŽ bouleverfŽ 
mille fois par les approches,contr'approches, 
tranchŽes, retranchemens,
coupures,traverfes,batreries, 
& redoutes;par les fappes, 
mines, contremines, fourneaux, 
fou gades 
, bombes, petards , & 
enfin par toutes les manieres 
imaginables de remu‘r la ter


re 



DE FOR 'rIFIER LES PLACES. 43 

reparla force d'une infinitŽ de P..cmier 
bras & de feux. J'apprens m�me Dikou1' 

que la terre qu'ils ont trouvŽe 
dansles Dehors qu'ils ont pris , 
leur a ŽpargnŽ la peine & le tems 
d'en apporter de bien loin , & 
qu'ils en ont tirŽ de tres grands 
avantagespour leurs approches.

Il faudroir donc ˆ cc conte, dit 
alors un de la Compagnie , quel'on ™t‰t toute la terre des environs 
d'une place, fi l'on vouloir 
qu'elle pžt refifl:er ˆ cette furieufe 
maniere d'attaquer des Infideles. 
Je 
nef�ai pas, lui dis..je, fi 
celafu{firoit pourles arr�ter abfolument 
, mais au moins jefuis affurŽ que cela les obligeroit 
a apporter de bien loin dequoi 
fe couvrir. Et comme les 
Logemensqui 
s'Žlevcnt au deffus 
du ri!.; de chauffŽe font bien 
plu cxpofŽs&plusfaciles a�tre 
rompus par le canon du dedans, 
que ceux qui font crcufŽs au def-

C z fous; 



44 N O u V E L L E M A N I E R E 


I'ccmicr fous; TC ne doute pas que cela ne 

P:icours. 

leur lie perdre beaucoup plus 
d'hommcs&de temps, &qu'ils 
ne trouvaifent beaucoup plus 
d'obftaclcs de cette manierc quede l'autre. 

C'eft pour cette raifon que je 
ne f..aurois bl‰mer le fentiment 
de ceux qui veulent que l'on enJcve 
cout le terrain des environs 
de la Fortereffe ˆ la portŽe du 
mou{quet jufqu'ˆl'eau ou jufquefur le roc,s'il eft poffible;ou qu'on 
l'™te au moins ˆ la hauteur de 
trois ou quatre pieds, rempliffant 
le vuide de pierres & de cailloux 
recouverts feulement d'un 
pied de terre.Je mcttrois volontiers 
ce Confe1l en ufage au tour 
des Places que j'aurois ˆ fortifier, 
ˆ la portŽe du moufquet fi je pouvois, 
ou au moms dans toute l'Žrendu‘ 
de mon ef planade,& de la 
partie du foifŽ qm eft encre laCunete 
& la. Contrefcarpe ˆ l'en


droit 



DE FoR TIFIER LES PLACES. 45' 

droit des faces des bafi:ions. Et fi Prcmic, 
je n'a vois pas la commoditŽ de le Dikours. 


faire ˆ temps, je ferois ˆ tout le 
moins , fur la nouvelle des approches 
des Ennemis , ficher des 
pieux dans ces endroits le plus 
prŽs l'un de l'autre & le plus 
avant que je pourrois, dont je recouvrirais 
les t�tes avec un peu 

de terre. 

Il feroit bon aux places voifines 
des forcfts que le corps de 
l'efplanade & le fonds du foffŽ 
fuflent faits ou remplis d'arbres 
couchŽs & entrelafTŽs avec leurs 
branches & recouverts de terre 
& decailloux par dclfus. Il ne fcroit 
pas moins avantageux que Je 
fofl� & la Contrefcarpe fulfcnc 
pleins dcCaponicres & de Logemens 
cach�s;..c tout fut contreminŽ 
dans les rarnparts de la PJace,
d:1s la fauffe-braye,dans le foff 
Ž,dans les Dehors & dans la.Contrefcarpc; 
..c les Contremines 

C 3 fuf



46 NouvELLE MANIERE 


1remier 

fuffent de differentes profona 
1 erens qu 1
tages;

eurs 

y ežt des rameaux de mine affŽs 
avant fous terre qui s'Žtendiffent 
bien loin dans laCampagne,pour 
repondre ˆ des endroits conus , 
afin d'en pouvoir tirer de lˆ d'autres 
au befoin fous les principaux 
ouvrages de l'attaque des 
Ennemis

.

Aux Places qui font fur le roc 
vif, j'aimerois beaucoup mieux 
efcarper en precipice, les inŽgalitŽs 
qui fe rencontrent aux avenu‘s, 
que de m'amufer ˆ y conftruire 
des travaux pour les fortifier; 
parce qu'ils peuvent fervir 
de degrŽs ou de marches pour les 
approches des Ennemis quand ils 
s'en font rendus les ma”tres. Je 
ne voudrois point qu'il y ežt 
plus de terre dans les Dehors 
qu'autant qu'il en faut pour une 
Žpaiffeur raifonnable de rampart. 
Il y a m�me certains Dehors, & 

par



DE FoR TIFIEit LES PLACES. 47 
parciculieremen t ceux qui font Premier 


. Difcoun, 

A 

J

peu veus de a Campagne, que Je 

ne voudrois faire que de ma�onnerie 
bien folide de trois ou quatre 
toifes au plus d'Žpaiifeur,avec 
un parapet de foc pieds feulement 
de large de m�me matiere, 

Tous ces Meilleurs qui s'Žtoient 
accordŽs jufque-lˆ, ˆ tout 
ce que j'avois dit 
, s-'Žcrierent 
lors que je parlai de parapets de 
pierre de ma�onnerie; mais ils en 
tomberent 
d'accord, aprŽsque je 
me fus mieux: fait entendre. L'ufage 
des parapets,leur dis-je,n'efr 
que pour tenir ˆ couvert les Soldats 
qui font pour dŽfendre la. 
Place. On les fait ordinairement 
de terre douce, & de l'Žpaiifeur 
de dixhuit ˆ vingt pieds au 
moins,afin qu'un coup de Canon 
ne les perce point d'abord & ne 
fa!fe point d'Žclats, qui font le 
plus fouvent beaucoup plus de 
mal que le coup m�me: Voilˆ les 

C 4 avan



1 1 
Jl..cmicr 

pets 

e terre. 

ais

avantages que l'on tire des para


'on confi


dere que cette grande Žpaiffeur 

occupe beaucoup de terreplein,
qu'elle recule la dŽfenfe, qu'elJe

emp�che que l'on ne puiffe rien 

voir ni rien dŽfendre de front 
dans le foffŽ, & que les Ennemis 
s'y logent facilement & y conduifent 
des tranchŽes par demi 
fappes ˆ droite & ˆ gauche de la 
breche vers les retranchemens 
quand ils font logŽs fur le haut 
du baftion; Il me femble que fi 
l'on pouvoir donner la m�me 
feuretŽ aux Soldats par des parapets 
de moindre Žpaiffeur, on 
pourvoiroit ˆ ces inconveniens. 

Or je dis, comme je l'ai vž par 
experience , qu'un parapet de 
ma�onnerie de briques ou de 
pierres de mediocre groffeurbien fait & bien raffis de iix pieds 
feulement d'Žpaiffeur, avec trois 
pieds de terre battn‘ & bien af


fer



DE FoR TIPIER LES PLAC Es 49 

fermie par dcrriere,qui font neuf P..c_micr

C ¥ D1lcours

ápieds en tout, peut 1aire autant 

de refit1ance qu'un parapet de 

terre feule de dix huit pieds; Et 

qu'il n'y a rien ˆ craindre pour

les Žcl,its i caufe des trois pieds

de terre qui font par dcrriere. 

Outre que Ies coups qui don


nent dans le glacis du parapet, ˆ 

moins qu'ils ne plongent de haut 

en bas,rejalliffcnt tous,& font un 

bond par ddfos. Je dis qu'il faut 

que la m 1�onneric foie bien raf


:fifc, c'efi a dire qu'il efi neccfiˆire 
qu'elle ait en le temps que ront 

le mortier du dcd:ms fc foit 
parfaitement feichŽ & endurci;

Car autrement celle qui n'a 
point fait toute fa prifc, ne fait 
prefquc point de rcfifiancc. 

Ccfutdanslafuitte de ces rai¥ 
fonncmcn que nous approuv‰mes 
la propofŸion de Mr. de Pagan,
qui veut dans fa Fortification 
que l'on donne, comme il dit, 

C 5 peu 



ro NO UV r. L L E M A N 1 E. RF. 
!'1_cmier peu de largeur au ramparc des 


Dif�ours. 

faces de fes baftions, & quel'on 

y en faffc de fccondes en dedans 
paralleles aux premicres , & fcparŽes 
d'elles par unfoffŽ; tant 
parce que la dŽfenfe en eil: ainft 
multipliŽe par des retranchemens 
tous faits, que parce quel'on eft ainfi plu.. proche pour aller 
au devant des mines & des 
fourneaux. 

Je voulois ajouter que ce qu'il 
y avoit 
de meilleur dans famaniere 
de fortifier Žtoit, ˆ mon 
fcns , d'avoir donnŽ tant de 
grandeur ˆ fcsfl.ancs, & d'avoir 
;eduit tout fon feu ˆ la. dŽfenfc 
droire;lors qu'un de cesMeffieurs 

me demanda en riant d'o� me vcnoit 
cette averfion fi grande quej'avois conceu‘ contre la defenfe 
oblique? C'eft, lui dis-je, parceque je n'ai _guere v� de gens qui 
fuffentblejjŽsde cescottps. Et fi 
vous voulez y penfer f erieufe


ment, 



DE FoRTIFIEn. LES PLACES. ;r 

ment, & nous dire de bonne foy Pr.cmier 

r fi á r.¥ D1fco11rs ¥¥ 


ce que vous en 1�avez; Je UIS 1ur 

qu'il n'y a pas un de vous , quidans les Sieges o� il s'eft trouvŽ, 
ait remarquŽ que la traverfe du 
f offŽ ait ŽtŽ fort incommodŽe des 
coups tirŽs de la courtine & des 
fcconds flancs, principalement 
lors qu'on a eu le foin de faire fur 
la Contrefcarpc une bonne tranchŽe 
p1rallele ˆ la Place,&de la 
bien garnir de moufi1uetaircs. 

Il eft vrai, dirent ils; mais cela 
vient de ce que le Soldat fe contente 
ordinairement de tirer fon 
coup au hazard fans prendre garde 
o� il v ife , de peur d'�tre mouchŽ 
entre deux paniers , s'il s'amufoit 
trop long temps ˆ mirer .. 
C'eft bien la une des raifons, leurá 
repliquai-je 
, mais ce n'eft pas b 
feule 
; Il y en a une autre qui cft 
bien plus forte,& dont pcrfonnc 
j uf qu'ici ne s' efi apperceu; ce qui 
fait que je m'en Žtonne. C cil: 

C 6 que.. 



p. 
NouvELLE MANIERE 
P..emicr que le Soldat 
quelque 

affi1rŽ

, 

1

qu 1 101t, ne 1�auro1c quan 

voudroit , rafer du flanc de la 
Courtine, b face du bafŸon 
qu'elle regarde, avec fon moufquet 
entre deux paniers ou entre 
deux facs ˆ terre, pofŽs a la maniere 
que l'on 3. accout�mŽ de les 
alfeoir fur la cr�te du parapet; ˆ 
moins que l'on ne voul�c tenir 
les trous beaucoup plus larges 
que l'on ne les tient d'ordinaire; 
ce que je ne voudrois pas confeiller. 
Vous n'aurez point de 
peine a comprendre ce que je 
dis, fi vous confiderŽs que l'Žpaif.. 
fcur ou largeur du pied des paniers 
mis l'un prŽs de l'autre, ne 
lailfe point de palfage au moufquer, 
qu'autant qu'il en faut pour 
tirer devant foi, & quelque peu ˆ 
droite & ˆ gauche; mais jamais 
tant, que l'obliquitŽ de l'angle 
de la dŽfenfe le demande.Je f�ai 
bien qu'il y a des remedes pour 

cela; 


DE FoR TIF IER LES PLA..ES. n 

cela ; mais comme ils ne font Premier 
point encore dans l'ufage ordi-. Difcours. 


naire, vous me permetrŽs cepen


dant de ne pas avoir pour cette 
efpece de flancs toute l'eftimeá 

q_ue les Ma”tres du metier ont tŽmoignŽ 
d'en avoir par le paffŽ.

J c finis ce long raifonnemen t, 
en leurmontrant la medaillc que 
j'avois apportŽe depuis peud'Angleterre, dont l'empr..einteŽtoit-une nouvelle maniere de 
Fortification : Nous n'en fimes 
pas pourtant beaucoup de cas, 
lors que nous l'ežmes examinŽe, 
parce que nous con�mes que ce 
n'Žtoit qu'une pr.atique plus faci.,. 
le de la feconde maniere de Mr. 
de Pagan.Ces MeOE.eurs ne firent 
pas le m�me jugement de la nouvelle 
Fortification de Mayence, 
dont j'avois gardŽ le deffein 
pour le dernier, & comme on dit 
pour la bonne bouche. Ils ne 
pouvaient fe 1affer de l'admirer.; 
Er s'ils avoient crž qu'elle ežt 

C 7 

pž 




5'4 NouvELLE MANIERE 
!'r..ier pž �tre employŽe fur toutes for


Difcouu. 

tesde Polygones, ils n'auro1cnt 

pas balance de la prcferer ˆ toutes 
celles dont nous avons cž la 
connoiffance juf qu'ˆ prefent. 

Cc fut alors que je ne p�sm'emp�cher de leur dire quetout cela ne me fatisfaifoit point 
entiercmcnt; &que fije 
voulois 
donner l'effor aux penfŽcs quime rouloientdepuis long-temps 
dans l'efprit fur cette matierc, je 
leur dirois des chofes dont ils !croient 
fans doute furpris : Des 
chofes, dis-je, fi extraordinaires, 
& tellement au deifus de ce quis'cmefrditjufqu'ˆnous, que je 
n' ofois en parler de peur de paffer 
pour V ifionaire 

En effet, leur dis-je, Quel fentiment 
auriŽs vous d'un homme 
qui fe vanteroit d'avoir trouvŽ 
le moyen de dŽfendre le pafiˆge 
de fon foffŽ avec cent ˆ fix vingts 
pieces de canon & deux mille 

mouf



o.E FoRTIFlCR LES PLAcEs. 'H 
moufquetaires dans l'Žtendu‘ de Premierr. fi d á á Pl Difcoius1es ancs ro1ts en certaines a-¥ 
ces,& jamais avec moins de trente 
picces & de cinq cens moufqu 
etaires aux moindres, comme 
eft le ..arrŽ; d'™ter aux Ennemis 
le moyen de battre les flancs; 
& de donner aux Dehors plus de 
feu de dŽfenfe, que les meilleures 
de nos Fortifications n'en 
ontjufqu'ici donnŽ aux corpsde leurs places. 
Si un autre, dirent-ils, nous 
parloir de cette manierc,nous aurions 
peine ˆ nous emp�cher de 
le prendre pour un chimeriquc: 
Mais comme nous fommes dan.. 
un autre fcntiment ˆ v™tre Žgard, 
nous voulons feulement vous dire 
que nous avons beaucoupd'impatience que vous-nous par-: 
liŽs plus cJairement. 
Je fus donc obligŽ de leur faire 
un crai.on de ma penfŽe , & 
leur dire en gros & confufementce 
o.E FoRTIFlCR LES PLAcEs. 'H 
moufquetaires dans l'Žtendu‘ de Premierr. fi d á á Pl Difcoius1es ancs ro1ts en certaines a-¥ 
ces,& jamais avec moins de trente 
picces & de cinq cens moufqu 
etaires aux moindres, comme 
eft le ..arrŽ; d'™ter aux Ennemis 
le moyen de battre les flancs; 
& de donner aux Dehors plus de 
feu de dŽfenfe, que les meilleures 
de nos Fortifications n'en 
ontjufqu'ici donnŽ aux corpsde leurs places. 
Si un autre, dirent-ils, nous 
parloir de cette manierc,nous aurions 
peine ˆ nous emp�cher de 
le prendre pour un chimeriquc: 
Mais comme nous fommes dan.. 
un autre fcntiment ˆ v™tre Žgard, 
nous voulons feulement vous dire 
que nous avons beaucoupd'impatience que vous-nous par-: 
liŽs plus cJairement. 
Je fus donc obligŽ de leur faire 
un crai.on de ma penfŽe , & 
leur dire en gros & confufementce 

;6 NouvnLLE MANIERE 



n,r,ouu, 

. . ¥ .

1.part1cu 1er. Je ne par cra1 pomt

I 

de l'�connement ou ils f� trouverent 
d'abord 
; Te dois feulement 
dire, qu'aprŽs que j'eus pr;s un 
peude temps pour y faire rcfl.(;xion, 
ils ne me lai!ferenc plus en 
repos que je n'eu{fe donnŽ quclqu'ordre 
aux chofcs dont je ne 
les a vois entretenu qu'en pafiˆnt 
& par lambeaux. 

Ils ne confidererent point que 
j' �tois alors comme accablŽ d'autres 
affaires; qu'outre l'ouvrage 
des Portes que l'on vouloi t con¥ 
ftruire 
de 
neufˆ Paris, dont j'avois 
fait dŽja plufieurs dcfl�ins 
felon Ja diverfitŽ des IdŽes qui 
m'en venoient , & l'obligation 
neceilˆ.ire de me trouver deux 
jour-s de la femaine aux A!femblŽes 
de 
l' Academie Royale des 
Sciences; Il faloit preparer ce 
que j'avois ˆ dire ˆ l'ouv�rtur.e 
de celle que le Roy a voie en cc 

temps



nE FoRTIFIER LE s PLACES. 57 
temps-lˆ�t..blie pour l' Architec-..ft...
ture,dontil avoátcu la bontŽ de 

me donner la dire�tion fous les 

ordres de Monfieur le Sur-Intendant 
Gcneral de fes b‰ti


mens. Ils me forccrent, nonobftant 
tout cela, de mettre mes 
penfŽes nouvelles fur la F ortifi


cation par Žcrit & en l'�tat que 

l'on verra en fuitte de ce dif-

cours, a qui je donnai Je nom de 
Nowi-et!e Afaniere de Fortifier les 

l'/aces. J'y joignis m�me les figu


res que je cržs �tre neceffaires 

pour en donner l'Jncelligencc,

fans y parler d'autre chofe que de 

cc qui faifoit prccifcment a mon 

fujct.

Cela fit aflcsd'Žclat;Et fuivant 
le fort ordinaire des nouveautŽs 
quiont quelque chofc de furprenanc, 
ccllc-cv trou va d'abord fcs 
Emáieux. Il y en eut qui dirent 
fans la conno1 tre, que cc n'Žcoit 
rien qui vaille; Q.t!e ces fortes 
de Propofitions fo faifoient 

tous 



rs No u v ELLE MANIERE 


Premier tousles jours, & Žtoient tousles

Dif,oius. .

Jours re butees., D'autres d ¥ fc oient

1 . 
que la dŽpenfe en feroit fi cxceffive, 
que la ri cheffe d'un Etat ne 
pourrait fuffire qu'avec peine ˆ 
la Fortification d'une Place. 
D'autres contant les embrafures 
de chaque flanc,demandoient o� 
l'on pourroit trouver tant de Canons 
pour garnir ces Places,
puifqu'il n'en faudroit pas moins 
de deux milles pour une de douze 
baftionsfeulement; ne comprenanspoint 
que les embrafures 
ne determinent pas le nombre, 
mais bien l'endroit o� l'on 
peut mettre du Canon fuivant le 
befoin que l'on en a, foit pourrompre le travail des Ennemis,. 
ou pour fe rendre fuperieur aux: 
batteries de fon attaque; Ce qui 
ne fe fait pas for toutes les faces 
des bafl:ions d'une Forcereife 
tout ˆ la fois 

Je ne rapporterai point diver


fes 



DE FoR. TIPI ER LES PLACES. 5'9 


fes autres extravagances qui fu-P..cmicr 
rent avancŽes fur le m�me fujet: n,rcou.u. 


maisje dois dire que fi cette ma


nicre eut fes Jaloux, elle eut auffi 

fes Partifans & fes ProteŽteurs 
en 
alfŽs 
grandnombre;EtMrs. de 
l'Academie Royalle des Sciences 
en firent une telle eftime,
qu'aprŽs l'avoir approuvŽe , ils 
firent mettre dans leurs Regiftres 
le difcours & le deffein queje leur en a vois fait voir. D'ailJeurs 
Mr. lc Comte Todt Mar�chal 
& Ambaffadcur de Suedc 
, 
11r. le 11arquis de S 11auricc 
Ambafiˆdcur 
dc Savoye, &pluficur
á autres pedonncs de grande 
qualitŽ , qui nous faifoient 
fou vent l'honneur de i� trouver 
ˆ no.. Confcrcnccs, en parlerent 
en tant de lieux & avec tant d'exagcration 
, qu'ils firent venir 
l'envie aplufieurs autres de s'en 

infl:ruire. 

11onJicur le t-.farquis de Louv.01s 




Premier 

DircoL1rs. 

60 NO u V l!. L LE MANIERE 


vois lui donna hautement fon 
approbation aprŽs qu'il m'eut 
fait l'honneur de m'entendre. 
SonAlteife Sereniffime Monfeigneur 
le Prince voulut en f�a 
voir 
jufqu'aux moindres particularitŽs, 
qu'il examina fur le dif


cours & fur le deifein ˆ fa maniere, 
c'eft ˆ dire dans la derniere 
exaŽl:itude Et l'on peut dire,que 
tout ce qu'il y peut avoir de bien 
&de mal y fut foigneufement 
remarquŽ; 
Il me fit mille belles objeŽtions 
fur la largeur du foffŽ,fur 
la quantitŽ de la terre qu'il y faut 
foŸiller, fur la hauteur de celle 
des ballions, fur les parapets de 
ma�onnerie , fur le terrain que je 
laifi� entre la Cunette & la Contrefcarpe, 
fur les fauifes brayes 
, 
fur les Contremines que je fais 
dans l'Žpaiffeur des contregardes, 
& fur mille autres 
chofes de 
cette nature. 

Il me fit voir un grand efpace 
dans la campagne au delˆ de mon 
Efpla



DE FoR TI FIER LES PLAcE.s. 61 

Efplanade,d'o� l'on pouvoic bat-l'r..!'litr. 


tre mes grands flancs par le tra-D,lcouu. 


vers entre la Demi-lune & la 

Contregarde. Mai-; il approuva 

que je couvriffe ce paffage avec 

des Lunetes de pareil 1 e ma�on


nerie que celle des Contregar


des; non pas,me dit-il, qtte je croye 
qr,eces Owvrages foient de grande 
defenfe ; mais Jet-t!ement parce

qtt'ils nous cowvrent tant qtt'i!sfonta notu ; & qrt' Jls ne pmventfarvir de rien attx ennemis aprŽs 

les a1.Joir pris. 

11 loŸoit fur tout la facilitŽ que 
cette pratique fournit aux faces 
des baftions de fc voir,& de fe dŽfendre 
l'une l'autre de revers & 
dans le dos des br�ches. Il, oyoic 
bien que cou, les Ouvrages que 
l'on a accoutumŽ de faire au dehors 
& au dedans des Places fortifiŽes 
fuivanc les autres manicres 
, pouvoient aufŸ fervir 
pour augmenter la dŽfenfe 

de 



62 N O O V EL L E 1-1 A N IER. E. 

Premier de celle-ci. Il Žtoit perfuadŽ

Dif,ouu. 

qu'elle pouvoit �tre facilement 

employŽe aux Places irregulieres. 
Mais il fut extrememen tfurpris 
lors q uc je luifŸvoirfur le 
dcffein la facilitŽ incroyable que 
j'avais de rcduire ˆ ma maniere 
toutes les Places fortifiŽes fuivant 
les differentes methodes 
des autres Ingenieurs , pourveufeulement qu'elles eu!fcnt 
un fccondfl.anc;& 
cela fans ncn changer 
aux faces des baftions, ni aux 
foffŽs, ni m�me aux Dehors. 

Ildemeura en fuitte quelque 
temps fans parler, ayant les yeux 
arr�tŽs fur mon deffcin, puis il 
me fit l'honneur de me dire ces 
mots de la maniere la plus obligeante 
du monde: Voilˆ, me ditil, 
tme Fortification tout ˆ fait 
nottvelle & extraordinaire , & 
c'eflpettt-�trelˆtottt ceqtte !'Art 
y peut apporter de meilleur: Mais 
comme les baflions neJe de fendent 

pas 



DF. FORTIFIER LES PLACES. 63 

pas tout feuls, il faut ici beaucoup P..emiei 
, 
d'hommes& beaucoup de Canons; Difcows., 


Il y faut un Gouverneur & des 
Offeiersentendus, &for tout des 
Magazins inŽpuifables de toutes 
leschofes dont on peut fa farvir 

dans un Siege ,fil' on veut profiter 
des avantages de la dif}ojition 
& 


de la conflrulliondes parties forti


fiŽes. Ce qui fait que je ne vou


drois pas confeiller que t' on forti


fi‰t indijferemment toutes fortes 

de Places en cette maniere, parceqtt'ilyenadetellesqui par lafoi


b!ejfe de leur dŽfenj eJe pourroientperdre aifement en donnant une 
trop 
grandefacilitŽ aux Ennemis 

de rompre tes.flancs, ˆ caufe de leur 

ouverture 
> & qtlit (eroit difficile 

de recouvrer dans la fititte , aprŽ s 

que les Ennemis attroient pourve11, 

ˆ tout ce qui lettr auroit manqttŽ.

Je vottdrois fa1žement, dit-il, 


qu'ellefttt employŽe furcertaines 

P!acesque l'on appelle des Clefs 

d1t 



64 NO u VELLE MAN 1 ERE 


..r;..;i:s. dtt Royat{,ne,comme ˆ 'Dunkerque,
dont on a, die-il, envie de changer 
laFortijicat1on, ˆBrifach, a Perpignan& 
ˆ Pignerol, qtti font Places 
de grande Žtendue, & quet'on 
pettt pottrávoir abondament de totttes 
chofls. 
Je ne dois pas oublier de dire 
que s'�tant fait montrer en fuitte 
divers deffeins d' Archite{h1re 
que j'avois faits pour la confrruction 
des Portes neuves de la Ville 
de Paris, il en a voit jufrement 
mis ˆ part les deux qui ont �tŽ 
depuis executŽs, ˆ la Porte S. 
Denis & ˆ celle de S. Bernard; en 
quoy l'on a rendu l'honneur qui 
�toit dž ˆ fon choix. 
Il arriva quelque temps a prŽs 
que fur les Lettres que le Comte 
Todt a voit Žcrites ˆ fes amis ˆ 
Stockolm au fujet de m:i Nouvelle 
Maniere, diverfes perfonnesde 
qualitŽ de ce 
pa•s-lˆ, de 
quij'avois l'honneur d'�tre con


nt” 



DE toR TI FIER LES PLACES, 65' 

n� particulierement 
, prirent oc-Pr...micr 

r 01,cours,

cafion de parler fi1 avantageuie


ment de moi au Roy de Suede ,

qu'il envoya auffi-t™t 
ordre ˆ fon 
Amba{fadeur de s'informer fi le 

Roi voudroit bien permettre

que je fi!fc encore un voyage au


prŽs de fa..1ajeftŽ Sucdoifc,pour 

y fcrrir en qualitŽ de fonPrecep


ceur principalement pour lesMathcmatiques. 
Le Comte Todt 

me fic l'honneur de me le dire, & 

dáen parler dans cc fcns a Mon


iicur de Pomponc, ˆ Monficur le 

Duc de Noailles & ˆ plufieurs au


tres perfonnes de fa connoilfan


ce. 

fais fa r cgociation fut interrompu‘; 
parce que ..1r. le Duc de 
.1roailles , ayant dans le m�me 
temps fait voir au Ro1 quelquesdefi�ins de ma nouvelle F orcification 
qu'il a\'oit eus de moi , & 
le.. ayant accompagnŽs de fes 
bon:-, offices, dont il a toujours

D ŽtŽ 



66 NO u VELL li MANIERE. 

Prc_micr 

�tŽ prodigue en mon endroit, Sa 

Difcours. 

1fajeftŽ preoccupŽe d'ailleurs 

par la relation de ..lonfcigncur 
le Prince, & par cc que 1fonficur 
de Lou\-ois lui en :1vo1t dit 
, voulut 
que j'euffe l'honneur de l'en 
entretenir moi-m�me. 

J'avois heurcufcmcnt fait prcparer 
un affŽs grand modele en 
bois bien travatllŽd'un Tenaille 
fortifiŽe a ma maniere, que je 
prefcntai ˆ fa MajcftŽ avec le livre 
que je m'Žto1s donnŽ l'honneur 
de lui dedier. Il m'accorda 
une audiance la plus favorable 
que j'euffc pž fouhaiter, & j'eus 
le temps de lui tout dire & de 
m'�tendre fur le detail de mon 
defl�injufqu'aux moindres particularitŽs: 
il me propofa diveri�s 
difficultŽs que jeifus affŽs heureux 
de lui refoudre d'une maniere 
dont il parut fatisfait. En 
un mot il y prit un fi grand plaifir 
& temoigna tant d'cil:ime pour le 

pre



DE FoR 'l"IFIER LES PLACES. 67 

prefent que je lui faifois,quej'en l'r_cmier 

efl�t tres Difcoun.

relfentis auffi-t™t un 

confiderable. 

Il parla fort avantageufementde mon ouvrage le foir du m�me 
jour ˆ fon petit couchŽ, & dit enfuite 
ˆ Monfieur le Duc de Montauzer 
qu'il croyoit ne pouvoirmieux faire que de lui accorder 
ce qu'il luy avoir demandŽ tant 
de fois avec empreifement , qui�toit de me mettre auprŽsde Monfeigneur le Dauphin 
pour ..!a”tre de Mathematique. 


Il eft jufte que je donne encet 


endroit quelque marque de ma 
reconnoifiˆnce, pour les obligations 
extraordinaires que j'ay 
a !\.1onfieur le Duc de Montauzicr: 
Car cc Seigneur ayant conccu 
quelque dl:ime pour moy ,
n'a. jamais celfŽ de ..¥employer 
avec chaleur en toutes occafions 
pour me faire plaifir, & par-

D z uculic



Prc:n:cr 
Di:cours. 

68 NouvELLE MANIERE 
t1culierement en celle-ci,dont Je 
fŸccŽs lui a donnŽ beaucoup de 

]Oye.

Au refte, quoi que la grace que 
Je Roy me faifoit en me confiant 
cet emploi, f�t trcs grande ; Jc 
puis dire neanmoins qu'elle r<r�eut 
un accroiffement notable 
par les paroles qu'il me fit i'honneur 
de me dire lors que je fus 
pour le remercier. C'�coit ˆ fon 
levŽ, o� lui ayant �tŽ prefentŽ 
par Monfieur de Montauzier & 
lui faifant une profonde revercnce, 
il medit en prefence de 
mille perfonnes , qu'il m'avoit 
choi(i pottr enfeigner tesMathematiques 
ˆfan fils, parce qtt' il Žtoit 
perfttadŽ q11,e j'Žtois, en cela, le pltu 
habile homme de fon Royaume. 

11 ne faut pas s'imaginer que je 
fois :iffŽs impertinent pour tirer 
de la vanitŽ de ce difcours : La 
principale Žtude que je fais depuis 
pl uficurs annŽes cft celle de 

me 


DE FoR TI FIER LES PLACES. 69 

me conno”trc moy-m�me: Ainfi Prc!Tiirr

¥ D1tcours.

Je ne donne pas dans la c1"bl01 ef


fc de la prefomption. !\lais 
auffi ne fuis je pas alfŽs 
imprudent 
pour cacher, fous pretextc 
d'une force humilitŽ, des paroles 
fi avantageufcs, & qui peuvent 
fervird'un t�rnoignage irreprochablc, 
quej'ay eu au moins 
quelque part en l'cfŸmc du plus

grand Roi du monde. 

J c ne dois pas oublier 
, quem'ayant commandŽ peu de jours 
aprŽs , de lui porter un crayon& du grand papier qu'il �tcndit 
lui-m�me for le devant du modellc; 
il p:ifi'::t toute une foirŽe i, 
y marquer la forme d'une attaque 
qu'il avoir medit..e pour 
s'approcher de mes bafŸons. 
J'admirai la conduite de fcs tranchŽes, 
la firuation de fes Žpaulemens, 
& de fcs Places d'armes,b 
dif poficion de fcs batteries : car 
eu vcrirŽ tout y �toit tracŽ en 

D 3 :Mai



70 Nouv:t.LLE ..IANinRE 

1rem•er Ma”tre du m�tier. Et comme il 

Difcours. , ¥

meut or d , d onne c } ¥ut dire cc que 

je voudrois faire pour m'y oppofer, 
.fi j'avois ˆ dŽfendre la Place; 
iJ prie beaucoup de plaifir ˆ 
voir toutes les differences cfpeces 
de coupures & de contr'approches, 
que je lui tra�ay pour 
aller au devant de fcs travaux i la 
Campagne, & pour enfiler fcs 
tranchecs de toutes parts. Surquoy 
Monfieur qui �toit prefent 
1ui 
ayant ditque 
tout 
cc que jefaifois n'�toit que chicane , il 
rŽpondit que cela �toit bien 
vray ; mais que c'�toient ces 
chicanes qui confervo1cnt les 
Places & ruinoient les armŽes 
des Affiegeans. Il parut avoir 
beaucoup de fati11faŽbon des 
Ouvrages que je traxai pour Je 
recevoir ˆ la Contrekarpe , ˆ la 
defcente du folfŽ , fur le bord 

de Ja Cunette , dans les De


hors , & en tous les autres 

en



DE FoRTIFll'.R LES PLACES. 71 

endroits o� il faloit qu'il fit ne-Premier 

OE . rr. r. Difcouu,

ce airement pauer 1es appro


ches. 

C'eft alors qu'il me dit , qu'ayant 
deffein de faire fortifier 
quelques unes de fes meilleures 
Places ˆ cette maniere , il n'�toit 
pas jufte que les Etrangers 
en puifenc profiter les premiers;
Et qu'ainfi il �coic d'avis que cet 
Ouvrage demeur‰t dans le fecret 
fans qu'il en parut 
rien en 
Public, au moins jufqu'ˆ ce qu'il 
en e�t autrement ordonnŽ. Le 
livre que je compofai deux ans 
aprŽs, & dont je prefentai le manufcrit 
ˆ fa Maje!tŽ, fous le tirre 
de I'Art dejetter les Bombes,eut le 
m�me fort: Car a prŽs avoir tŽmoignŽ 
de la fatisfaŽl:ion de mon 
travail, il me dŽfendit de le faire 
imprimer 
, parce qu'il ne voulut 
pas que les ennemis qu'il 
a voie alors , s'en puffcnt fervir 
contre lui pendant la guerre.

D + Auf



Pumicr 
Dif,ours. 

7'-Nouvr.LLE. 
.MA);IIER! 


AuOE cc n'a �tŽ feulement qu'aprŽs 
la conclufion de la Paix, que 
fa MajcftŽ m'ayant fait l'honneur 
de me dire qu'Elle �toit fati,faitede la conduite que j'avois tenu‘ 
au prŽs de 11onfcigneur le DJuphin;
Elle me commanda de joindre 
ces deux TraitŽs i tous le,;
autres que j'avois compofŽs pour 
fon inftruŽ�ion & de les donner 
au Public. 

Voici donc celui de laNortvel


le Maniere de Fortifier les Places, 

qui y va paro”tre tout tel qu'ileftdanslemanufcritquc j ai prefentŽ 
au Roy, ˆ la referve de 
deux feŸilles que j'y ay ajoutŽes, 
dont la premiere eft un dcfi�in 
de la Ville de 11acfhicht avec 
fcs anciennes Fortifications, for 
lefquellcs fa MajcftŽ m'ordon1u 
d'appliquer la mienne peu de 
temps aprŽs l'avoir prifc. L'autre 
eft un deffein que mes amis ont 
voulu que j'y ajo�tafi�,pour fai..e 

, 01r 


DE FoRTIFIER LES PLACES. 73voir avec quelle facilitŽ je reduis 7rcm•cr 
, ¥ l Pl 
O,lcou.s.a ma marncre, toutes es aces 
d�p fortifiŽes, pourveu qu'elles 
ayent du fecond fl.Jnc, fans y rien 
changer, ni aux faces des baftions, 
ni aux folfŽs, ni m�me aux 
Dehors. 
D 5 .:OF-
DE FoRTIFIER LES PLACES. 73voir avec quelle facilitŽ je reduis 7rcm•cr 
, ¥ l Pl 
O,lcou.s.a ma marncre, toutes es aces 
d�p fortifiŽes, pourveu qu'elles 
ayent du fecond fl.Jnc, fans y rien 
changer, ni aux faces des baftions, 
ni aux folfŽs, ni m�me aux 
Dehors. 
D 5 .:OF-

ccond 
Z,1lcou1s. 

74 


NOUVELLE 

MANIERE 

D E. 

FORTIFIER 

LES 

P L A C E S. 

SECOND DISCOURS.

'i E ROY a tŽmoignŽ 
dans fon dcr


'''
¥:i. 
,

r,¥u¥
¥ 



nier voyage de

:.. 


Flandres , qu'ilprenoit beaucoup 
.,....,.....,,.,..;.,,.,....:1 de plaifir ˆ enten


dre raifonner fur l' Art de F ortifier 
les Places ; Il fait travailler 
ˆ toutes les Villes qu'il a co..



qu1



DE FoRTIFlER. tES PLAC1's. Ti 
quifes 
depuis peu ' & en divers 

_ 
Secondendroits du Royaume; Plufieurs Difcours. 

perfonnes ont pris la libertŽ de 
difcourir for c-es travaux : Ain fi 
j'ay crž qu'il ne me feroit point 
dafendu d'en Žcrire mon f�ntiment,
n'ay‰t pas eu l'honneur de 
le dire en prefence de fa l\faje!tŽ. 

Je ne f�ay fi l'on approuvera 
les veu‘s nouvelles que je prnsavoir fur ce fujct: mais peut-�tre 
devrois-je avoir quelque petiteconoiffance d.,n-. cet art, puifque. 
j'ay ŽtudiŽ les Fortifications toute 
ma vie, que j'ay v� ce qu'il y 
a de Places fort1fiŽcs en routes 
les parties du monde, & que j'en 
ay remarquŽ foigneufement la 
force & la foiblcfl�. D'ailleurs 
j'ay fcrvi en plufieurs Siegcs 
tant en attaquant qu'en dŽfendant, 
en qua.1rŽ d'Jngcnieur. l:t 
je fois montŽ par tous les DegrŽs 
aux charges de la Guerre, ou j'ay 
connu la d1ference qu'il y a entre 

D 6 u



76 NouvELLll MANIERE 
s..cond tirer des 1..á nes fur le papier ou 

D1rcours. 

l 

es tracer ur l a terre en prc fccncc 

des Ennemis. 

En toutes ces rencontres 
l'expcrience 
m'a fait voir que l' Art 
de la Guerre n'a pas trouvŽ tant 
de moyens pour dŽfendre les 
Places que pour les attaquer; J'ai 
meditŽ long-temps pour inventer 
quelque genre de Fortification 
qm ™tat aux Ailiegeans la 
force qu'ils tirent du nombre 
d'hommes & de Canons, & quidonnat aux AffiŽgŽs un efpace a 
mettre plus d' Artillerie, & un 
avantage capable de foplŽer au 
petit nombre d'hommes. 

1fais comme ce que j'ay imaginŽ 
la dcffŸs eft nouveau, je ne 
doute pas gu'il ne m'attire d'abord 
la ccnfure de pluficurs perfonnes; 
Et il cft vrai au.ffi qu'il 
n'y a rien de plus dangereux que 
d'inventer quelque chofe contr:
lërc ˆ un ufagc reccu: C'cfl: 

pour



d 
ner 1c1 mon avis 
d 
ner 1c1 mon avis 
DE FoR TIFIER LE¥s PLACE$, 77 


á á 

comme une re


gle certaine, ce font de fimplespenfŽes qui ne laiffent pas d'avoir 
leur fondement, & qui peu.. 
vent �tre utiles fi on les examine 

fans prevention.

Mais pour les rendre plus intelligibles,
il faut prendre la chofe 
de plus haut & remonter 
jufqu'aux premiers principes de 

l'Art. 

La premicre reg le des Fortifitions 
e!l: cclle-cy, Toutes les 
parties de la Place doivent �tre 

j11111quees.

L1 Seconde, La ligne de defenfe 
ne doit pas exceder la portee du 


J.Jo11fq11et.

Et la troiftŽmc, Toute la Fortification, 
O" particttlterement celle 
des ;:tmcs,doit �tre a.l]cs fortt' pour 
rejëffer art Canon des Ennemis. 

Ces troi-; Rcglcs one fait naitre 
les trois principalcsmanicres 

D • de 


78 NouYELLE MANIEREs..ond de Fortifier, que l'on appclle ˆD ,ours. !'Italienne. ˆ la Fran�oif e & ˆ la 
Hollandoife. Les lraliens qui 
ont commencŽ ˆ b‰tir au temps 
que les br�ches 1� faifoient ˆ 
coupsdeCanon, ont vouluentr'autres 
chofes quela pointe de 
leurs baftionscontint neceffaircmentun 
angle droit, parce qu'ils 
ont crž que leur maffe refifteroit 
mieux ˆ la force de l' Arrillene, 
& ils ont fait leurs demi-gorges& leurs flancs de la fixiŽme partie 
duc™tŽ interieur de leur Polygone 
& perpendiculaires a la 
Courtine, pratiquant des Orillons 
& des Places hautes & 
baffes pour la dŽfenfe de leur 
fofi�. 
Les Fran�ois, s'�tant apperceus 
que les flancs Žtoient facilement 
rompus par les batteries 
que les Ennemis ont acoutumŽ 
de loger fur la Contrefcarpe oppofŽe 
,-crurent premieremenr les 
mieux. 
78 NouYELLE MANIEREs..ond de Fortifier, que l'on appclle ˆD ,ours. !'Italienne. ˆ la Fran�oif e & ˆ la 
Hollandoife. Les lraliens qui 
ont commencŽ ˆ b‰tir au temps 
que les br�ches 1� faifoient ˆ 
coupsdeCanon, ont vouluentr'autres 
chofes quela pointe de 
leurs baftionscontint neceffaircmentun 
angle droit, parce qu'ils 
ont crž que leur maffe refifteroit 
mieux ˆ la force de l' Arrillene, 
& ils ont fait leurs demi-gorges& leurs flancs de la fixiŽme partie 
duc™tŽ interieur de leur Polygone 
& perpendiculaires a la 
Courtine, pratiquant des Orillons 
& des Places hautes & 
baffes pour la dŽfenfe de leur 
fofi�. 
Les Fran�ois, s'�tant apperceus 
que les flancs Žtoient facilement 
rompus par les batteries 
que les Ennemis ont acoutumŽ 
de loger fur la Contrefcarpe oppofŽe 
,-crurent premieremenr les 
mieux. 

Di:. FoRTIFI'ER LP:s PLACES ¥. 79á 

mieux. couvrir en les contour-Scco.nd 

á & 
Difcour,&.

nant de travers aux Ennem1s 

les faifant perpendiculaires ˆ la 

face du hafti on.-Mais comme ils 
reconžrent la foiblelfe de la dŽ


fenfe oblique , & qu'il ne fuffi


foit pas qu'un flanc fžt couverr


s'il ne decouvroit lui m�me ce 

que les Ennemis peuvent faire 

dans le folfŽ; 1ls changerent auffi.


t™t cette pratique & firent leurs 
flancs perpendiculaires ˆ la cour


tine ainfi que les Italiens, don


nant ˆ l'angle flanquŽ les deux 


tiers de celui du Polygone. 

LesHollandois ne fe font pas, 
fouciŽs que leur angle flanquŽ 
fžt aigž, po'urveu qu'il ne le fžt 
en forte quela pointe en pžt �tre 
trop aifement rompu‘ ˆ coups de 
canon; Et ils le font ordinairement 
en ajoutant 1 5. degrŽs ˆ la 
moitiŽ de l'angle du Polyg�me,& 
proporcionant en fuite leur 
courtine, leur face & leur flanc, 

de



go NouVELLI: MANIERE 


scc611d de maniere que 1a courtine foie 
DifcoUis, double de la face, & celle-ci dou


ble de flanc. lis s'attachent principalement 
ˆ donner a leur face 
le plus de flanc en Courtine qu'il 
leur efr poffiblc, fans Orillons nt 
Places baffes, mais avec une fauffe-
braye.

Cette maniere de pratiquerdesfecond.. flancs feroitbonne fi, 
outre l'incommoditŽ de la dŽfenfe 
oblique, l' Angle rentrant de 
la Contrefcarpe n'™toit pas au 
flanc la veŸe de la f 1cc oppofŽe; 
lors que les foffŽs font de raifonnablelargeur. 
11ais cc dŽfaut efr 
fi ordinaire aux Places les plus 
confiderablcs qui font b‰ties fur 
cette ma111cre, que je fuis furpr”s 
de la reputation qu'elle sádl: 
aquife; puis qu'il femble que les 
flancs n'y foient faits pour aucun 
ufage, & que les faces ne doivent 
�tre d�fendu‘s que d'un petitendroit de la Courtine. 



n& FoR TI FIER LES PLActs. 8 1 

O!!.oy que ces manieres ayent s..cond 
�tŽ produites & mifes en prati-Difcoun. 


que par de grands hommes, & 
qu'elles ayent eu jufqu'ici l'approbation 
de ceux qui s'enten


dent ˆ la dŽfenfe des Places; Neanmoins 
le peu de rcfifrance que 

les mieux fortifiŽes ont faite 

dans les Guerres dernieres, & 
particulieremcnt au voyage que 

le Roy fit il y a quelques annŽes 

en Flandre, a fait croire que la 
fcience d' Attaquer s'�roic infini


ment avancŽe au deOE.1s de celle 

de Fortifier, & que fuppofant la 

vertu & l'induftrie Žgale, & le re


ftc proportionŽ entre les affail. 

Jans & ceux qui dŽfendent les 
Places, la condition de celui qui 
afiiege dl: beaucoup plus a'tanta


gcuf�quel'autre. 

.. .1\1:. de Pag..n, raifo1..nant fur 


_

cc meme pr111c1pe, avoir propofŽ 
une manicrc de Fortification, 
qui en efl�t vaut infŸu..ent 

mieux 



Second 
Difcours. 

82 NouvELLE MANIERE 
mieux que les ordinairec;, faifant 
fes flancs d'affes belle grandeur, 
perpendiculaires ˆ la ligne de 
dŽfenfe, & capables de trois batteries 
l'une fur l'autre Et la mcdaille 
qui a paru il y a quelques 
annŽes en Angleterre, ne contient 
qu'une pratique aifŽe de fa 
moyenne fortification. 

Mais il n'a pas, ce me femblc, 
tirŽ toute la dŽfenfe que la difpofition 
de la Figure peut donner; 
Et comme je fuis perfuadŽ quelesP!acu 1'11efaperdent qttefaute 
dejlancs;foit qu'ils foyent rompus 
par les batteries des Contrefcarpes, 
foie qu'ils foyent trop 
petits d'eux m�mes,ou tellement 
embaraffŽs qu'ils ne decouvrent 
pas bien les faces des bafhonc; 
qui leur font oppofŽes. 

J'ay penfŽ ˆ fournir une maniere 
qui augmente extraordinairement 
la grandeur des flancs & 
des demi-gorges poury faire plu


jieur .r 


DE FORTIFIER LES PLACES. S 3 

fleurs batteries, qui decottvre en-secood 
tierement le fo.l]Ž, qui ™te aux En-Difcours. 
nemis le moyen de Jaire fas batte


riesjitr la Contrefcarpe, qui defen


de atf(/i fortement les 'Dehors que 

les foj]es dtt corps de la place, & qui 

ná a longe point la lrgne de defen.fe. 

Pour cet 
effct j'™te un angledroitdeceluidc la figure 
, &je 
prens le tiers du rcfie, que j'ajo�tc 
ˆ 1 ;. degrŽs pour en faire mon 
angle diminuŽ, fur qui je tire les 
c™tŽs de ma tenaille , dont je 
prcns la moitiŽ de part & d'autre 
pour les faces de mes bafiions; 
puis ayant divifŽ le c™tŽ exteri 
ur en dix parties Žgale , j'enprcn.. frpt que je rapporte fur les 
c™tŽ-. de ma tenaille a commencer 
a l'angle du bafŸon,pour faire 
meá lignes de dŽfcnfe, dont jejoints le extremitŽs par une 
droite qui fait ma courtine ; & 
des m�me cxtremitŽs vers celles 
des faces oppofŽc , je tire les lignes 
de me!> fia.es;& ma tenaille fe 

trou



84 N o u v E L L E M A N r t: R ESecond trouve p:tr Ce moxen fortifiŽeDifcours. d d f. d fi &e eux aces, e eux ancs .. 
d'une courtine. 
Par cette pratique l'angleflanquŽ ou du bafhon efl: au 
..arrŽ de 60. degrŽs, de 66. au 
Pentagone, de •O, a l'Hexagone; 
Et il s'augmente petit i petitdans tous les autres Polygonesjufqu'a la ligne droite, ou il cfr 
de90. degrŽs.
L'angle flanquant ou de la Tenaille 
eft au ..arrŽ de 1 50. deg.,
de 13 8. au Pentagone, de 120 a 
l'Hexagone; Et il diminu� petitˆ petit dans tous les autres Polygones 
jufqu'ˆ la ligne droite, o� 
il n'eft que de 90. deg.
L' Angle diminuŽ efl: au quarrŽ 
de I ;. deg., de 2 1. au Pentagone, 
de 2;.ˆ l'Hexagone; Et il 
s'augmente petit ˆ petit dans 
tous les autres Polygones juf.. 
qu'ˆ la ligne droite, o� il cftde 
45.degrŽs.
84 N o u v E L L E M A N r t: R ESecond trouve p:tr Ce moxen fortifiŽeDifcours. d d f. d fi &e eux aces, e eux ancs .. 
d'une courtine. 
Par cette pratique l'angleflanquŽ ou du bafhon efl: au 
..arrŽ de 60. degrŽs, de 66. au 
Pentagone, de •O, a l'Hexagone; 
Et il s'augmente petit i petitdans tous les autres Polygonesjufqu'a la ligne droite, ou il cfr 
de90. degrŽs.
L'angle flanquant ou de la Tenaille 
eft au ..arrŽ de 1 50. deg.,
de 13 8. au Pentagone, de 120 a 
l'Hexagone; Et il diminu� petitˆ petit dans tous les autres Polygones 
jufqu'ˆ la ligne droite, o� 
il n'eft que de 90. deg.
L' Angle diminuŽ efl: au quarrŽ 
de I ;. deg., de 2 1. au Pentagone, 
de 2;.ˆ l'Hexagone; Et il 
s'augmente petit ˆ petit dans 
tous les autres Polygones juf.. 
qu'ˆ la ligne droite, o� il cftde 
45.degrŽs.
L'An



DE FoR TI FIER LEs PLACES. 8; 

L' Angle du flanc fur la ligne s..cond 
au Qg_arrŽ, de rco. deg. 41. au 
Pentagone,de 97. deg. 48.ˆ l'Hexagone; 
Et il diminu‘ petit ˆ 

petit dans tous les autres Polygo


nes juf qu'ˆ la ligne droite, o�il 

n'eft que de 90. degrŽs.

L'Angleduflancfur la courtineeftde 
12:z..deg.47.au ..arrŽ,
de r:z.3. I 1. au Pentagone, de 

123. 
48. ˆ l'Hexagone; Et il 
s'augmente petit ˆ petit dans 
tous les autres Polygones jufqu'ˆlaligne droite, o� il dl: de r 3 )á 
deg.
Et parce que je fois perfuadŽ 
que la ligne de dŽfen{e ne doit 
jamais �tre plus grande de 140. 
toifes ni plus petite de no., aux 
Places que l'on appelle Royales: 

J'ai pour ce f1:1jet fait deux fuppofirions 
que J appe..le Dett.. Maniere 
s, dont la prem1ere qui efl: la 
Grande fait fon c™tŽ exterieur de 

zoo. 


86 Nouvr:LLE MANIERE 


sc..ond 200. co1fes dans tous les Po]ygo


nu,ours. . 
d 

nes, qm onne par tout 1,10. to1


fes pour la ligne de dŽfcnfe. Et Ja 
fccondeottla Petite fait par tout 
le m�me c™tŽ extcrieur de 170. 
coifes, qui donne peu moins de 

120. toifes pour la ligne de dŽfenfe. 
Dans !cf quels termes j'enferme 
tout cc qui fe peut fortifier,
parce qu'une longueŽtendu‘de c™tŽ extŽrieur rend la dŽfenfe 
inutile par le trop grand Žlognement 
des flancs; Et une plus 
petite diminu‘ lalongueur des 
flancs & augmente inutilementle nombre des bafŸons & la dŽpenfe.
Dansla Grande maniere , o� 
la ligne de dŽfcnfe eft de 140. 
toifes & le c™tŽ extŽrieur de 200. 

Le Flanc eft au ..arrŽ de 2 7, 
toifes, de 36 :-au Pentagone, de 
42 ;. ˆ l'Hexagone. Et il s'augmente 
proportionellement jufqu'ˆ 
la ligne droite, o� il eit de 
70... La 



PE FoR TI FIER LES PLAC Es 87 

á 
La demi-gorge eil: au ..arrŽ s..cond 
de 28 .. to, de 3 ;..au Pentagone, Difcours. 

de 39. ˆ l'Hexagone ; Et elle 


s'augmente proportioneJlement

juf qu'ˆ la ligne droite, o� elle eft 


de 100. toifes. 


La Face eft au Q!arrŽ de ,i;. 
to. de 5'3 -;¥ au Pentagone, de 5;. 
ˆ l'Hexagone; & elle s'augmente 
proportionellement juf qu'ˆ la 
ligne droite, o� elle eft de 70 -;. 

La Courtine au Q!.arrŽ eft de 
70 ..-to. de 60 .. -; au Pentagone,
de 54. ˆ l'Hexagone; Et elle diminu‘ 
petit ˆ petit dans cous les 
autres Polygones , jufqu'ˆ ce 
qn'elle devienne ˆ rien ˆ la ligne 
droite. 

Dans la Petite maniere o� la 
li!!ne de dŽfenft: n'eft que de 120. 
toifes & Je c™tŽ exterieur de 170. 

Le Flanc eft au <2.!:!_arrŽ de 23. 
to. de 31. au Pentagone, de 35ˆ 
l'Hexagone ; & il s'augmente 
petit ˆ petit dans tous les autres 

Poly



8 8 N O U V EL L E 11 A N J E n. E 
second Polygoncsjufqu'ib ligne droi


Difcours. 

te' ou il d� de 60. toifcs. 

La Demi-gorge cl� au ..arrŽ 
dc24:. to.,de29 to.auPcntagonc, 
de 32. to. ˆ l'Hexagone; Et clle 
s':rngmentc petit a petit dans 
tous les autres Polygones juf qu'ˆ 
la ligne droite, ou elle efr de 8 ;. 
roifcs. 

La Face el� au OE_arrŽ de 4+.to 
de+;. auPcntagonc.de4-.ˆl'Hexagone,& 
elle s'augmente petit ˆ 
petit dans tous les autres Polygones 
juf qu'ˆ la ligne droite, o� elle 
efl: de 60. toifes. 

La Courtine efi au ..1rrŽ de 
60.to ,de 5 2. to. au Pentagone,dc46.ˆ l'Hexagone;Et elle diminu‘petit ˆ petit dans tous les autres 
Polygoncs,jufqu'ˆ cc qu'elledevienne 
ˆ rien ˆ la ligne droite.

Par o� l'on peut prcmicrcmcnt 
conoitre que cette maniere ne 
s'�loigne pas beaucoup de la 
Hollandoifc pour l' Angle flan


quŽ 



nE FoR Tl FIER LES PLACES. 89 

quŽ, qui eft le m�me en l'une & s..conˆ 

d'f 
d'f
D1fcou1s.

Ž ¥

en 1 {).,,'autre au'-'.!!.arr o.,1..'<.. qu1 ne 1 


fcre aux autres figures, qu'en cc 

que l'agrandiffement de cet An


gle va un peu plus vite en la Hol1.
rndoife o� il eft droit au Dode ..ec3gone, qu'en celle-ci o� il n'efte

que de 80. dcg, & ne deviente

droit qu'aux Bafrions fur la lignedroite. Et ces diffcrcnccs font dee

{i petite confequence pour la for


ce ou la foiblcffe de la pointe dueba!lion,qu' il n'y a point de raifon

de s'y arr�ter: mais au contrairee

cl les agrandiffcnt tellement lese

parties neceffaires ˆ b Fortifica-,. 

cion, que nous avons eu jufi:c fu


jet -de nous fervir plžt™t dee

cette manierc que d'aucune au


tre. Car qui fe peut cono”tree

par b difference de fcs parties,e

qui cil: bien plus grande aux:e

flancs & aux demi-gorges quie

font celles qui J.ug111cnrcnt lae

d fcnfc, qu'aux faces qui la di


minucnt;celle des flancs ŽtJ.nt de

E 4z, 



90 
1 OUVE L LE t\J A 
IER E 

second 41.. toifes & demi entre le Qg_arrŽ 

Difcouu. &la ligne droite en la grande maniere, 
& de 37. to1fcs en la petite; 
celle des demi gorges de 7 r. 
toifes & demi en la grande, & de 
60 :. enla perite. Comme au contraire 
la difference des faces n'eft 
que de 19. toifes en la grande maniere, 
& de 1 6. toifes en la petite. 


Ce que l'on pourroit m�me 
oppofer, que ces angles aigus de 
la pointe des Baflions en diminuent 
la capacitŽ, n'eft pa,; confiderable, 
puifque la difference de 
la furface d'un BafŸon ˆ angledroit & d'un autre ˆ angle de 60. 
deg., les faces Žtant Žgales en l'un 
& l'autre , n'eft que d'un huitiŽme 
, qui devient infenfible ˆ 70 
deg. & au deifus. 

Mesflancsnefontpaspartout 
perpendiculaires ˆ la ligne de dŽfenfe 
comme aux manieres de 
Mr. de Pagan ; ils y font un 

an



DE FoR 'I'IFIER LES PLAcns. 91 

Second 
miers Polygones, & la difference 

de la perpendiculaire n'eft que

de 17, deg. 47. au ..arrŽ, de ro. 

deg. 41. au Pentagone, de 7. 48. ˆ 
l'Hexagone; Etquidevientinfenfible 
au deifus ; En forte quec'eftfipeudechofe, quecela ne 
donne aucune obliquitŽ confide


rable ˆ la dŽfenfe. Cette differen


ce neanmoins augmente telle


ment mes demi-:gorges , que je 
trouve place au Q!!_arrŽpour trois 
batteries, o� je n'en pourrois fai


re ˆ peine que deux fi l'angle

�toit tož jours droit. 

J'employe ici toutes les raifons 
que Mr. de Pagan rapporte,
contre ceux qui craignent la trop 
grande expoficion des flancs aux 
bacteries que les Ennemis mettent 
fur les Contrefcarpes ; 
Avec cette difference neanmoins 
qu'il ne met pour le plus 
que douze ou treize pieces dans 

E 1, fes 


9'?. NouvELL!: ..!ANIEJU: 

1c,....i!,. fcsflancs p_our oppofcr ˆ celles 
des Ennemis, au lieu qu,en certainesPlaces 
je pourrois leur en 
oppofer dans les miens jufqu'ˆ 
cent ou fix vint pieccs & jamais 
moins de vint ˆ vinr-cinq aux 
plus petites. 
Mes demi-gorges font affŽs 
grandes pour trois b1tteries l'une 
fur l'autre, une haute , une 
moyenne, & une baffe en tous les 
Polygones; & m�me en l'Hexagone
..au deffus, il y a aifŽs de 
place pour y conftruire desCavaliers 
fur les allignemens des 
flancs, fe fer van t pour cer: effet 
de la terre des foffŽs. 
Je ne prens que huit ou dix toi¥ 
fes dans le flanc ˆ l'angle de 1,Epaule 
pour me fervir d,une efpe¥ 
ce d'Orillon, & j'employe tout 
le refte en flanc couvert pour des 
batteries ou ˆ loger des ..1oufquetaires;<l
e forte que j'ai 1 8 ˆ 20. 
toifcs de flanc couvert au ..arrŽ 



l)E FoR TIFIER LES PLACES, 93 

..-Ž pour chaque batterie , _c'eft sc.......d 
.. 
a dire pour neuf ou dix pieces Di. 
111 

pour chacune, & pour trente oa 
trente deux pieces pour les trois. 

Au Pentagone 26. toifes d.. 
longueur de flanc cou ver.., c>eft ˆ 
dire pour treize ou quatorze pieces 
pour chaque batterie, & quarantc 
ˆ quarante cinq 
pieccs pour 
les trois . 


.A.l'Hexagone 32. o� 33. toifes 
de flanc com ert, c'eft ˆ dire feize 
a dix-fept pieccs pour ch.aqueQatterie, & quarante huit ˆ cinquante 
pour les trois, & dix-huit 
pieces au Cavalier, fait foixante 
huit ˆ fcptante pieccs pour la dŽ


fenfc de chaque flanc. 

Et ainfi des autres en augmc11tant 
jufqu'ˆ la ligne droite o� j'ai 

60. 
ou 61. toifcs de longueur de 
flanc couvert 
, qui ne peuventdonner place pour trente ou 
trente deux pieccs dans chaquebatterie, & plus de quatre vin<Jt
E 3 dix 



94 NouvELLE MANIERE 
sc.cond dix pieccs pour les trois, & juf:È,
r,ouu. qu'ˆ cen cou fix vints pieces pour 

tout le fla ne compris f e Cavalier. 

AuPentagone&au 
de1fus, jeretire m:1 batterie baffe de la largeur 
de 5. ou 6. toif.. en dedans 
de la demi-gorge , afin qu'ellefoit mieux couverte de l'Jvance 
de !'Epau le qui lui fort d Onl lon 
quarrŽ Et cette retraire me fert 
ˆalonger mes courtines aux Bafiions‰esPolygones 
de plufieursc™tŽs, & ˆ en donner une ˆ ceux 
qui font fur la li..ne droite, auxquels 
pour 
ce tujec je voudrois 
retirer me-. flancs en dedans de 
dix ou douze toifes de chaquec™tŽ , afin d'avoir quatorze ou 
quinze toifes de courtine. 

Mes batteries internes s'�lar. 
giffent au dedans, parce qu'cl les 
font contenu‘s entre deux lignes, 
dont l'une efr celle de la dŽfenfe 
prolongŽe, & l'autre vient 
en dedans de la pointe duBaftion 

op



DE FoR 'I'IFIER LES PLAC Es 9 5' 

Second 

oppofc.. & e pame par l .e com de l'O-nifcouu. 


rillon, qui par ce moyen me donne 
place pour cinq ou fix pieces, 
qui fe trouvent cachŽes fous l'Žpaule 
de !'Orillon, que les Italiens 
appellent Traditore, & quine peuvent �tre veu‘s de la Contrefcarpe, 
quoi qu'elles dŽcouvrent 
coure la face du Baftion 
oppofŽ & l c dedans de la breche 
quel'onypeutfaire. Il efim�mc 
impoffiblc de Jes demonter 
par le') bricoles ˆ cau[e de la lon


gueur du flanc. 

Je donne au Plan des batteries 
du flanc depuib neufjufqu'ˆ dou .. 
ze pieds de hauteur l'un fur l'autre, 
c'eft-ˆ-dirc que le plan de la 
batterie baffe ne fera au deffus du 
folfŽ de moindre hauteur que de 
neuf pieds, ni de plus grande que 
de douze; la moyenne pas moins 
de dix huit pieds, ni plus de vintquatre 
; Et le haut du rampart 
du BafŸon , qui efi le m�me 

E + 
que 



,G NouvELL.. M11.N1..R.. 
se_cond que le plan de la batterie haute ,
Difcouu. pas moins de vint-fept pieds ni 
plus de trente-fix. Le Cavalier 
doit �tre �levŽ fur le plan du Ba.. 
fl:ion ˆ la m�me hauteur de neuf ˆ 
douze pieds , non comprife celle 
de fon parapet. 
Mes parapets font de trois toi:fes 
de largeur,de neuf ˆ dix pieds 
de hauteur aux b.atteries haffes,de 
fix ˆ fept pieds aux moyennes ,
avec des Embrafures en l'une & 
en l'autre, & de trois pieds & demi 
aux: hautes. La largeur des 
plattes formes au.. batteries moyennes 
& baffes n'eft que de quatre 
ˆ cinq toifes fans le parapet.
La difpofition de mes Bafrions 
.me donne encore cet avantage ,
.que les faces oppofŽes fe voyen t 
l'une l'autre & fe dŽfendent de 
revers d'une defenfe fichante ,
& qni .dŽcouvre le dos des br�ches, 
,G NouvELL.. M11.N1..R.. 
se_cond que le plan de la batterie haute ,
Difcouu. pas moins de vint-fept pieds ni 
plus de trente-fix. Le Cavalier 
doit �tre �levŽ fur le plan du Ba.. 
fl:ion ˆ la m�me hauteur de neuf ˆ 
douze pieds , non comprife celle 
de fon parapet. 
Mes parapets font de trois toi:fes 
de largeur,de neuf ˆ dix pieds 
de hauteur aux b.atteries haffes,de 
fix ˆ fept pieds aux moyennes ,
avec des Embrafures en l'une & 
en l'autre, & de trois pieds & demi 
aux: hautes. La largeur des 
plattes formes au.. batteries moyennes 
& baffes n'eft que de quatre 
ˆ cinq toifes fans le parapet.
La difpofition de mes Bafrions 
.me donne encore cet avantage ,
.que les faces oppofŽes fe voyen t 
l'une l'autre & fe dŽfendent de 
revers d'une defenfe fichante ,
& qni .dŽcouvre le dos des br�ches, 

i,1:. FoR TIFIER LES PLACES, 97 


Je fais une Demi-lune ou Con-second' 


tregarde ˆ la pointe de chaque Difcours.-

Baftion l;� p:irallel-e ˆ fes faces, de 
ma�onperic fo:lid� fans terrain & 
contreminŽe par tout, de trois 
toifes & demi ou q uatrc toifes de 
largeurau plus, e'efi-ˆ-dirc de fix 
ou huit pieds de parapet & de 
douze ou quinze pieds de ram


part.

Cette Contregarde me fcrt 
principalement ˆ ™ter ˆ la C�rntrcfcarpe 
la veu‘ des b:icreries 
du flanc oppofc:, & fon peu d Žpeffcur 
doit encore emp�cher les 
Ennemis d y' mettre leur canon 
aprcs 1 avoir forcŽe. Cc qui vaut 
Ÿcaucoup mieux_quccfc faire, une 
grande travcdcd:rns le fofie en 
continuant la ligne qpitale de 
chaque Bafiion , puifque ceci 
n'emp�che pas 11: hbertŽ du foflc, 
fait l'effet <le la travcrfe pour la. 
couverture des flancs, &fert de 

foi-m�me a fc dŽfendre. 

E 5 
Je 



98 NOUVELLE MANil!.JlE 

sw,nd Je mets une autre Demi-lune 


n,r,ours. dans le milieu de la courtine qui 
couvre entierement les Epaules 
ou Orillom des Ba!l:ions. Et 
pour en dŽfendre le folfŽ jeprens dans la face du Baftion l'efpace 
qui le peut voir,dans lequel 
je fais une batterie baffe de cinq 
a fix pieces, & une autre plus reculŽe 
en dedans de la hauteur du 
parapet de la place. Le plan de la 
batterie baffe fera de niveau ˆ celui 
de la moyenne du flanc, c'eftˆ-
dire de dix-huit ˆ vint-quatre 
pieds de hauteur au deffus du 
fonds du foffŽ; Et comme fon parapet 
efr de fix ou fept pieds , la 
hJUteur eft en dehors de vint 
cinq ˆ trente deux pieds ; quifŸffit pour ™ter la crainte que l¥on 
peut avoir que la face du BafŸon 
ne fe trouve trop affoiblie en cet 
endroit. 
Cette Demi-lune me fert encore 
ˆ. dŽfendre le foffŽ de la contre



oE FoRTIFlt'.R LES PLACES. 99' 

tregarde, & je prens dans fa face scc0111

á , D1fcoun,

tout ce ¥qm le peut decouvnr, ou 

je pratique deux batteries, l'une 

haute & l'autre baffe en la m�me 
maniere qu'en celle des Baftions. 
Je ne donne de Terreplein ˆ cet


te Demi-lune qu'au tant qu'il lui 

en faut pour le recul des pieces 

des batteries , & je laiffe le refi:e 

du dedans tout vuide pour faire 
plus aifement des contremines 

dans le rempare & pour ™ter aux 

Ennemis le moyen de s'y loger 

a prŽs l'avoir forcŽe. 

Dans les angles rentrans de la 
Contrefcarpe entre les Contregardes 
& la Demi-lune, je place 

des Luncces de grandeur raifon


nable & de maifonnerie folide 

& pareille ˆ celle des m�mes 

Contrcgardes. Ce que je fais 

pour emp�cher que les flancs de 

mes bafhons ne foicnt , eus de 
travers d'aucun endroit de la 

Campagne. 

E 6 Et 

.. 



l 00 N 
O U V E L L E. M 
A N 1 E 1:. E 

Second Et parce que c'eft dans le foffŽ 

Difcours. 

o� fe doit faire la plus grande dŽ


fenfe , je la fais ici de toute ]alargeur de mon flanc , afin d'ypouvoir loger les Contrcgardcs 
& leur fofi� , proporrionant la 
largeur de l'un & de l'autre en 
telle forte qu'il en refte fuflifamentpour 
le gr.rnd foffŽ Et pourfaire qu'il pui!I� �tre veu de tout 
le flanc , je tire des lignes des 
Angles de !'Epaule ˆ la pointedes B:i!l:ions oppofŽs, qui me detcrminent 
les Angles rentrans 
de mes Demi-lune$, de maniere 
qu'ils ne me donnent pointd'emp�chement ˆ la dŽfenfe. 

Jc mets une Cunette dans 
mon grand foifŽ que je fais regner 
tout ˆ l'entour de la largeur 
de fept ˆ huit toifes, ŽlognŽe d� 
cinE]_ ou fix tŸifes de1 
Ia Contrefcarpe, 
pour ™ter aux Ennemis la 
facilitŽdela remplird� trou de 
leur dcfcente dans le foirŽ ;


laifi‰nf 



nE FoRTIFIER LES PLACES. 101 

laiffant le refte au pied du Bafiion second

á Difcoum

pour y prat1quer des lretranc 1e-

111ens & des logemens & difpu


ter le paffage aux Ennemis. Elle 

me fert encore ˆ me garantir de 
l'infulte que l'on peut craindre 

du c™tŽ des flancs bas , qui patoiffcn 
t d'un accŽs facile. Et pour 

en �tre plus afTurŽ,il ne faut que 
continuer le mur de l'enceinte 

de la place de l'Žpeffeur de deux 

pieds par cout le flanc & de la 
hauteur du refte, & ce mur pour


roit �tre ab battu d:rns le befoin. 

Je ne voi 
rien 
qui m'emp�che 
de faire encore une Cuncrtc plus 
Žtroite dans les foifes des DŽ hors,
s'ils ont dix ou douze coifes 
de largeur 
, & principalement 
aux endroits ou l'on a pratiquŽles batteries balfes dans lesfac�s 
des Demi-luncsJe mets des Coffr<.;
s & dcsCap�mnicres dans tous 
les Angles faillans & rentrans 
des Cuncttes pour en dŽfendre 

les 



l O'!. N 
O U V E L L E M 
A N I E R E. 

s..cond les faces & pour fe trouver plus

D1fc:ouu. ,

prr.res aux pa11ages que 1es Enne


mjs pourroient tenter par deffous 
terre. 

Je Iai!fe au delˆ de la Contrefcarpe 
des Dehor.s un Cor id or de 
fept ˆ huittoifes de large couvert 

d'un parapet avec fes banquettes 
& fon efplanade lui donnant 
fi l'on veut des faillies en dehors 
aux Angles rentrans de la Contrefcarpe, 
afin d'occuper du terrain 
& pratiquer des Places d'armes 
(pacieufes. 

Ainfi je ne vois point d'endroit 
dans ma Fortification quine foit veu du moins de trois ou 
quatre autres ; Et je n'a y point 
de connoiffance que l'on ait jufqu'ici 
propofŽ aucuneManiere , 
qnidonne tant de place au feu 
de la dŽfenfe, & tant d'emp�chementˆcelui 
des A!faillans. 

Q!!_ieftˆmon fens tout ce que 
l'on peut defirer d'un bon I1..gen1



DE FoRTIFH!.R LES PLACES. 103 

D1fcouu,
. 

.

d,imputer ce . qui peut arriver de 

facheux pendlnt un Siege , parl'ignorance ou la mort des 
Chefs, par le petit nombre ou la 
l‰chetŽ des Soldats, par les Sedi


tions , par le manquement de 
Vivres ou de munitions, & par

les autres malheurs , qui font 
ordinairement perdre les Pla


ces. 

Si l'on veut , pour fe qŽfendre 
contre les mines & les fourneaux, 
fe fervir de ce que Mr. de 
Pagan propofe dans f es bafŸons, 
qui eft de donner peu de largeur 
aux rampars des faces, & y en faire 
de fecondes en dedans, feparŽes 
des premieres par un fofi� ; 
Il n'e nfera que mieux. 

Je pourrois auffi faire voir 
que cette Fortification peut �tre 
infiniment augmentŽe par la 
multiplication des Dehors , .. 
par plufieurs avantages qu'elle 

efi: 


i 04 N O u V E L L J: MA N I E Il r: 

second eft capable de recevoir par le dc.


Dirto..u. dans.á ..e dans les Places dont 
les gorges font fore ouvcrtes,l'on 
peut retrancher la longueur de 
leurs faces vers les Ep..ules , & 
en �tendre par ce moien confidc. 
rablernentles ffancs , qui fur la. 
ligne droite pourroient , fans 
rien altcrer aux autres parties ,
s'agrandir au point de contenir 
plus de deux c�ns pi�ces de Canon 
po.ur la dŽfcnfe du foifŽ 
qui leur eft oppofŽ. ..e cette 
Fortification peut �tre aifemcnt 
;lppliquŽe fur toutes fortes de figures 
regulieres ou irrcguliercs.
Qu.. toutes les Pl..ces dŽja fort”fi�es 
fuivant les autres manicres,
peuvent �tre tres-facilement 
{eduites ˆ celle-ci,fans rien changer 
ni aux faces des BafŸons , ni 
aux Dehors; pourvu feulement 
qu'elles ayent du fecond fl..nc ou 
en Courtine.Et mille autres chofes 
de cette nature que je tais ; 
parce 



Dt FoRTI FIER LES PLACES. 1 of 

parce que je me fois propofŽ s..cond 
dans ce Difcours, de donner l'ex-nifcours. 


plication de ma Maniere le plus:fimplement & le plus fuccinrementqu'il 
m'a �tŽ poflible. 

Onnemanquera pas d'oppoferˆ 
cette invention beaucoup 
de difficultŽs , fur le fujet de la 
dŽpenfe, fur le nombre d' Artillerie 
& de Canoniers,fur la gran 
deurdu 
foffŽ, furla quantitŽ des 
terres qu'il faut foŸiller, fur la 
diffŽrence qu'il y a entre cette 
F orrification & toutes celles qui 
font en ufage ; on m'objeŽteraqu'il faudroit ruiner tous les travaux 
anciens , & beaucoup d'autres 
chofes de cette nature. 

Mais mon deffein n'efi: pas de 
combattre ici toutes les Opinions 
contraires; la..efl:ion dl:de 
f�avoir feulement fi cette manieredeFo 
rtifica ri on fero it m eilleu 
re 
quelcsautres...e fi quelqu'un 
dit que je ne l'ai pas inventŽe , 

il 



s,cond 

Difcouu. 

106Nouvl!.LLE MANIER.. 

il me fera plai!ir de m'en mon¥ 

trer que lque exemp ] e; la Nou¥ 

velle Fortification de Mayenceeft la feule qui y ait quelque rap¥
port, mais quand on l'aura bien 
examinŽe, on trouvera que ce 
font deux chofes tres differen tes. 

Au re!le j'ay joint ˆ ce d1f. 
cours quelques delfeins qui peu¥ 
vent en faciliter l'intelligence ; 
dont 
le 
premier 
eft pour 
en en¥ 
feigner la pratique fur toutes 
fortes d' Angles de PolygonesdonnŽs. Le fecond, le troifiŽme, 
le quatriŽme & le cinquiŽme,con. 
tiennent partie de diversPoly. 
gones fortifiŽs par cette metode. 
Le fixiŽme eft le plan d'une Tc. 
naille un peu grande o� toutes 
les parties de la Fortification 
font mifes avec exaŽtitude. Le 
7me. eft le m�me plan relevŽ avec 
fes profils. Le hmtiŽme eft une 
Table du calcul des Angles de 

plu!ieurs Polygones fortifiŽs fui


vant 


DE FoRTIFIEll Lt:s PLACES. 107 

vant cette maniere. Le neuviŽ-second 
me efi une autre Table du calcul Difcouu. 

des lignes des m�mes Polygo


ne.., fur les deux ddferentes me


fore, du c™tŽ exterieur, dont il 

eft par I Ž dans le difcours. Le di


xiŽm e efi pour faire voir la faci


litŽ qu'il y a de reduire ˆ cette 

man iere routes les Places d�jafortifiŽes, pourveu qu'elles aient 

du fecond flanc, fans y rien chan


ger, ni aux face.. des ballions, ni 

aux foffcs, ni m�me aux Dehors. 
L'onz1Žme eit le plan de la Ville 

de Dunquerque avec fes ancie


nes Fortificat ons , fur lequel

j'en ay mis une autre fuivant cet


te rnetode, afin que par la comparaifon 
de l'une & de l'autre 

l'on puiife mieux comprendre 

ce que celle-ci peut valoir. Et en


fin Je douziŽme efile plan de la 

Ville de !\1aefiricht avec fes anciennes 
Fortifications , fur lefqucllcs 
Sa ..fajeflŽ me fic l'hon


neur 



voir prifc. 

F I 

PRA-


d 


PRATIQUE 

DE LA 

CONSTRUCTION 

DE LA 

FORTIFICATION 

l'.; 0 UV E"L LE. 

01tˆfortijierl'angle Q_A 
B 
dont les

Sc™tŽs AQ_¤-AB fon 
t fgaux. . 

D11 Centre A de'luelque intervalle 
<pte ce fair comme AR, fait decrit le Cercle 
R '2. Z coupant les c™tŽs en R (-7 Z;dans 
Jeqttel du pomt Rfait i11finte la drotte R '2. 
�g,ile aN rayon AR,afin qtte i'arcR'2..fatt de 
60. 
Jeg.; 1t lamott1Žd11quelfau f111r ŽgalJ'arc1,4.qui ftraparet mo;t de3 o.deg.,
& 
J',-zrcmtter R 4. de 9o. Er d,v,fand' arc 2, 


4. en deH:t: !gaiement au poipt 3 ., l'arc3.
, 
4.ferade 1;. deg. E11ji11ttel't!rc 4. Z (qui 
if/ le r(f.e de l'nnglt propofl dont on a ™tŽ un 
angle droit) J..it partage m trois fgaltment 
IJl¥\ápomts 5 ._& 6:c,'--prenantl'arc3,; .(.."
; 
eft 


110 

eftfaitdel'arq,4.dt 15.deg.,&dd'Arc 
4,5'.qu1 eftle mrs de l'11rc 4.4,)r.tpportisJ, 
des p,mrs R & L5 fur la C,rconjerenct du 
Cercle aux points Y& 7 ., & des pomtsP & 
0 ltHX pomt s Y&senforte ff"' chacun des 
Arcs l<Y: Z, 7. : P /7: 0 S fou lg ¥l" l'arc 3. 
5'.EnfinparlespomtsQ_& B,1L f1tut mener 
les droites ATX,Q_f'L,A7.K,B S L;qui 
fa coupant reJPtll,vement a#X pomts 8.& 
G,feront ltsTena,lltsË8 -.. .AGB, dont 
chacun des catis .A 8,Q__.. ¥ .AG, B G dofr 
ltre coupŽ en de#x /gaiement aux pomtsN, 
T, C, D, qui termineront la longueur des 

faces des Baftions .A N, QI, .A C, BD 
.Apris quoy ,l nt faut que d,v,ftr l' Hn des 
c™tŽs de l'angle comme .A Q_ en d,xparties 
Žg 11les, & en prendre ftpt comme du point 
f2..!n R, qu',l faut rapporter fi,r les c™tŽs 

, prolongez:..del1tTena,lle comme de f2..!!,I; 
de .A en M & F; & de Ben E; po¥r 1tvo,r 
la longueur des lignes dt dŽfenft .A M.AF, 
Q_ l, BE; Et jomdrt enfin les points I M, 
FE&IN, MT;EC,FD; poHreavoirepar 
ee mo7en les droites IM, FE pour Les Courtines; 
les droites l N, MT, E C , F D pourles flancs; & tes droites AC, .AN, QJ;, 
BD pour les faces des Baft1ons. 

Le refte eft expl,qut d1tns le dij�ours. 



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Practi7uele la Gon.sh•tolzonle laErfi/icttf�m 
Nouudfetk Sieurl3/01ukf 


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Il 2. 
MANIERE 
D' A P P L I Q_U E R 
LA NOUVELLE 
FORTIFICATION 
.AU X 
P L A C E S, 
..i ont du fecond flanc, fans rien chaná 
gcr ni aux faces de\ Bafhons , ni aus: 
foflcs , ni aux Dehors. 
Oit unt tenaille Fi,rtif!e ˆ /iJ Ho!l.indoifa 
dont les fiw dts Baf/ions font ufC :
BD; lesflancs CF: DE; & liJ Courá 
tict FE '4 Contreftarpt NO P & 14 
a á Dtmi-lure K. L O M: ,u le po,nt 0 
9111fait l' arglt rentrant dt la Contrtfcarpt , ïlt a11 f{.inc 
droit la wuf dt 14 fou du bapion 9uát1 doit dtfe,u/re , 
f�ivant la f afon dtfortifier laplur ordinaire & la plusma,rua”fa. Pol<T /.i rcclu,re ˆ la manicre nouvelle, il 
n'y a qu' J continuer les lignes des faetr des B.ifiionr au 
,le/ˆ de /"angle flan9uant G, commt ul CI & BD H; 
p;us dM point ul fur B H, & du point B {IIT ul l, mtur 
ln perpendiculaires CH; D l 'j/Jì ftront lts fiancr , 
& H Tla Courtine de la fortijicationnotf\ltllt, laq11tl!
t n'a ,ien cbangf ni aux faces nt au fof{r , ni aux Dehors. 
Les lizner de points marquent lt dwul des partie; 
tant pour les batteries des flancs, der BaP tons & du 
demi lwies, '1"' poNr ln Contr..ardcs & les l.14nt/ll'l. 
Il 2. 
MANIERE 
D' A P P L I Q_U E R 
LA NOUVELLE 
FORTIFICATION 
.AU X 
P L A C E S, 
..i ont du fecond flanc, fans rien chaná 
gcr ni aux faces de\ Bafhons , ni aus: 
foflcs , ni aux Dehors. 
Oit unt tenaille Fi,rtif!e ˆ /iJ Ho!l.indoifa 
dont les fiw dts Baf/ions font ufC :
BD; lesflancs CF: DE; & liJ Courá 
tict FE '4 Contreftarpt NO P & 14 
a á Dtmi-lure K. L O M: ,u le po,nt 0 
9111fait l' arglt rentrant dt la Contrtfcarpt , ïlt a11 f{.inc 
droit la wuf dt 14 fou du bapion 9uát1 doit dtfe,u/re , 
f�ivant la f afon dtfortifier laplur ordinaire & la plusma,rua”fa. Pol<T /.i rcclu,re ˆ la manicre nouvelle, il 
n'y a qu' J continuer les lignes des faetr des B.ifiionr au 
,le/ˆ de /"angle flan9uant G, commt ul CI & BD H; 
p;us dM point ul fur B H, & du point B {IIT ul l, mtur 
ln perpendiculaires CH; D l 'j/Jì ftront lts fiancr , 
& H Tla Courtine de la fortijicationnotf\ltllt, laq11tl!
t n'a ,ien cbangf ni aux faces nt au fof{r , ni aux Dehors. 
Les lizner de points marquent lt dwul des partie; 
tant pour les batteries des flancs, der BaP tons & du 
demi lwies, '1"' poNr ln Contr..ardcs & les l.14nt/ll'l. 

Ybt ,l,. la .'.Vrh'e ,le .,,,?{,,..uricl 4Vee 

J/,lóIëit: la 1tou, 


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